23 novembre 2009

KröniK | Leaves' Eyes - Njord (2009)




Et si Liv Kristine par l'entremise de son propre drakkar qu'elle a mis à la mer en 2003 suite à son limogeage de Theatre Of Tragedy, avait inventé un nouveau genre, le gothic pagan, qu'elle est d'ailleurs la seule, avec sa soeur Carmen (Midnattsol) à honorer ? Pourquoi pas en effet car plus les années passent et plus la jeune femme semble désireuse de replonger dans ses racines nordiques, de glorifier sa terre natale, ses paysages majestueux et ses légendes. Vinland Saga fut la première étape de cette évolution, le EP Legend Land, la seconde. Troisième album de Leaves' Eyes, Njord, qui conclut une année bien remplie pour ses auteurs, enfonce encore le clou, véritable déclaration d'amour pour les territoires nordiques. Toujours accompagnée par les musiciens du groupe de son mari, Atrocity et lui-même, également du voyage, Liv y confirme aussi sa place, parmi les premières, du metal à chanteuse grâce à un sens de l'écriture et des arrangements indéniables ("The Holy Bond"). 

Les Norvégiens s'y entendent pour composer de vrais hymnes ("My Destiny") à la fois intimistes ("Emerald Island", "Morgen Land") et valeureux ("Through Our Veins") sans la moindre baisse de régime ou d'inspiration. S'ouvrant sur des teintes celtiques charmantes bien que téléphonées ("Scarborough Fair", l'excellent "Irish Rain"), Njord enrichit encore la palette avec laquelle le groupe peint des tableaux recouverts de givre et sentant bon les forêts éternelles. Plus épique que ses aînés, plus grandiose ("Njord", "Ragnarok" malgré son intro par trop pompeuse), louchant parfois vers la musique cinématique (le très beau "Froya's Theme"), il couvre de vastes étendues sur lesquelles souffle la voix puissante et fragile à la fois de Liv, dont on regrettera qu'elle soit parfois (ce qui est encore trop) soulignée par celle, caverneuse, de son Alex Krull de mari qui n'apporte pas grand chose si ce n'est une impression de déjà-entendu. Dommage car, aérien et épuré, le chant de la belle se suffit largement à lui-même et n'a pas besoin de grognements masculins pour gagner en relief ! Les compositions non plus d'ailleurs, théâtre sophistiqué d'un metal gothique racé et gracieux finalement assez personnel. Encore une jolie réussite à mettre à l'actif de Leave's Eyes et surtout de sa maîtresse des lieux. Et, encore une fois, on voit mal comment ses anciens employeurs, le malchanceux (ils l'ont bien cherché) Theatre Of Tragedy pourrait lui faire de l'ombre et ce, pourtant en dépit d'un nouvel opus, Forever Is The World, aussi bon que Njord, bien que très différent. (2009) ⍖⍖⍖

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