Quelques mois à peine après avoir livré un live orchestral (quelle originalité !) dispensable, The Classical Conspiracy, Epica peuple de nouveau les bacs avec sa quatrième offrande. Malgré un capital sympathie jamais remis en question et un charme que les Hollandais doivent (forcément) beaucoup à leur sculpturale chanteuse, la flamboyante Simone Simons, on a un peu l'impression que depuis The Divine Conspiracy, le groupe peine à se renouveler et à transcender une signature qui l'a néanmoins imposée parmi les ténors du métal symphonique et gothique à chant féminin (pléonasme). Pourtant, le recrutement en 2007 de l'ex-batteur de God Dethroned, Ariën Van Weesenbeek, a su lui conférer une dureté, une patte plus brutale qui lui faisait défaut. Alors Design Your Universe n'est-il qu'un album de plus pour Epica ? Oui et non en fait. Non, car ce dernier commence de la plus belle des manières avec une poignée de compositions de haute volée. Après une intro grandiloquente aux accents symphoniques, déboule le furieux "Resign To Surrender" où dialoguent avec beaucoup de réussite la voie d'outre-tombe de Mark Jensen et celle plus angélique de la rouquine. Avec ses choeurs majestueux et son rempart rythmique implacable, tout est dit en un peu plus de six minutes conjuguant profondeur orchestrale, métal gothique et puissance. "Unleashed", durant lequel la jeune femme, bouleversante, libère toute l'émotion dont elle est capable, et "Martyr Of The Free World", se révèlent être du même tonneau. Jamais sans doute depuis l'inaugural The Phantom Agony, le groupe n'avait atteint un tel degré de perfection, une telle maîtrise de son style.
Succédant à une ballade, "Our Destiny", "Kingdom Of Heaven" s'impose enfin, du haut de ses treize minutes, comme le morceau de bravoure de l'ensemble. Il témoigne en outre de l'influence de la musique de film qui alimente l'inspiration des Hollandais et surtout du guitariste Mark Jensen. Grandiose, épique et riche en arabesques, il permet à Epica de donner la pleine mesure de son talent et se présente de fait comme une forme d'aboutissement pour ses auteurs. Jusque là donc, rien à dire, Design Your Universe n'est grevé d'aucun faux pas. On se dit alors que le miracle va encore durer... Las, la suite s'avère ne pas être totalement à la hauteur de cette première partie qui se serait presque suffit à elle-même. Ainsi, les morceaux qui suivent semblent moins marquants ("Burn To A Cinder", la roucoulade "Tides Of Time"...) et le long final constitué de la pièce éponyme n'apporte pas grand chose que l'on ne sache déjà. Même le duo unissant, sur "White Waters", Simone au chanteur de Sonata Arctica, Toni Kakko, déçoit quelque peu par sa mièvrerie. Seuls "Deconstruct" et "Semblance Of Liberty", deux chansons au relief lourd et aux multiples aplats symphoniques, sauvent cette seconde moitié du ronron sinon de la banalité. Dommage que le groupe ne se soit pas souvenu que la durée idéale d'un disque reste celle des deux faces d'un vinyle. Il aurait ainsi été bien inspiré de se délester de quelques pistes. 73 minutes, c'est un peu trop long. Bien entendu, ses admirateurs contrediront certainement cette affirmation. Il n'en demeure pas moins que Design Your Universe, aurait, avec quelques coups de ciseaux bien placés, irradié une intensité, un sentiment d'achevé qui, en l'état, lui manquent. Reste que l'on tient là probablement le meilleur album depuis son galop d'essai, d'une entité qui continue à surnager bien au-dessus de la mêlée du métal à voix féminine (2009 | MW) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire