Un grondement de basse, puis la guitare qui miaule et la rythmique de bûcheron qui sent la bière pour enraciner le tout dans un socle terreux. Le chant surgit et se joint à ce magma aux allures de copulation lancinante et épaisse. Tel est "White Walls", premier bloc de pierre qui se dresse dans la roche en fusion. En quelques minutes, la messe semble être dite. Ces Américains, sans doute encore à peine pubères, assènent avec la pesanteur digne d'un cassoulet un stoner doom massif, parfait écrin pour le thème emprunté aux aventures de Conan le Barbare qui leur sert de fil rouge. Rien de bien original ou novateur donc. Pourtant Elder, dont cet album inaugure le format long après un split avec Queen Elephantine et une petite demo (bigre, ils n'ont pas chômé depuis leur naissance en 2006 !), n'est en fait pas avare en surprises. Ainsi, le déjà cité "White Walls" affiche une percée instrumentale étonnante sur fond de nappes de claviers psychés en provenance directe des glorieuses seventies. De même l'implacable "Hexe", du haut de ses près de neuf minutes au jus, a tout du périple épique, théâtre de péripéties puissantes (accélération, soli touchés par la grâce...).
Malgré un début somme toute des plus classiques, "Ghost Head" est émaillé de passages jubilatoires qui viennent rompre une monotonie sinon un monolithisme dont beaucoup de médiocres se seraient contentés. Bien que sillonnant des terres déjà bien ravinées par d'autres avant lui, le groupe parvient néanmoins constamment à transcender son matériau de base. Le plus bel exemple de cette émancipation réside dans le diptyque final "Riddle Of Steel", apothéose de l'album dont il remplit quasiment à lui tout seul une bonne moitié du contenu (et la deuxième face du vinyle). La première partie, dantesque, ouvre en son milieu des espaces atmosphériques d'une beauté immense propices à la contemplation avant de redémarrer avec force wah-wah, tandis que le pan qui lui succède, quoique moins aventureux, charrie des éclairs de guitares nourris au bon vieux hard rock qui perforent des artères salvatrices dans cette masse compacte. Dommage en revanche que le chant ne s'affranchisse jamais des canons en vigueur dans ce genre bien embouteillé, seul vrai bémol d'un galop d'essai plus que prometteur. Les initiés, auxquels je peux de toute façon conseiller la majeure partie du catalogue de Electric Earth Records (Ocean Chief, Black Pyramid...), devraient accueillir à sa juste mesure cette rondelle de grand doom que chevauche le corps chaud du stoner velu. Mais vu le sujet de sa principale inspiration, Elder pourrait s'armer d'un son plus colossal encore, cela lui permettrait de gagner un ampleur. C'est tout qu'on lui souhaite... (2009) ⍖⍖⍖
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