Vous aimez les (très) longues pistes de décollages vers les étoiles ? Alors Horizonte De Sucesos, première vol habité des espagnols de Bëiruth vous est clairement destiné ! Un visuel qui a quelque chose d'une invite à quitter la terre ferme et une musique à l'avenant pour quatre plages pour plus d'heure de dérives psychés et hallucinées. Le trio se réclame, à raison, du rock progressif allemand des années 70 et notamment de Ash Ra Tempel, de Brian Eno ou bien de Ozric Tentacles. En plus cosmique encore. Sur un socle entièrement instrumental, Bëiruth semble vouloir repousser encore plus loin les limites du genre. Des titres d'une vingtaines de minutes forment le cadre idéal pour ce type d'expérience. Aucune barrière, aucun mur ne viennent jamais se dresser pour enfermer des compositions au développement sans fin. On a l'impression à leur écoute que celles-ci pourraient s'éterniser plus longtemps encore sans aucun problème. Atmosphérique et planant, Horizonte de Sucesos ouvre les portes du cosmos avec le démentiel "Penumbra Oifusa", que propulse une basse généreuse sur des nappes de claviers stratosphériques aux confins de l'ambient (parfois le Metanoia de Porcupine Tree n'est pas loin), longue montée en puissance qui semble par moment vouloir s'emballer sans jamais vraiment y parvenir.
Après une pause au rythme chaloupé ("Alamut") et seul morceau d'une durée conventionnelle, comprendre moins de dix minutes, l'album s'installe peu à peur sur sa rampe de lancement, tout d'abord avec "C.C.C.P.", chef-d'oeuvre de space rock enfumé que pilote une guitare qui s'élève très haut vers le ciel puis enfin avec "Horizonte de Sucesos", dont le final, qui survient après une interminable respiration psychédélique, risque de vous filer des frissons. Bëiruth réussit la gageure de ne jamais lasser ni ennuyer (tout le monde ne partagera certainement pas cet avis) car il sait toujours injecter des mélodies grisante à une plastique faite de modelés versatiles. Exigeants, les musiciens ne se contentent pas d'étirer au petit bonheur la chance au maximum des morceaux qui du coup ne donnent jamais l'impression de tourner à vide. Au contraire, on sent, en dépit de leur caractère nébuleux, qu'ils se dirigent vers une destination précise. Il y a là un sens de l'architecture qui distingue les espagnols de quelconque fumistes croyant qu'il suffit de bidouiller un lit synthétique pour tutoyer les cieux et dessiner un rock stellaire. C'est pas si simple et seuls les meilleurs y parviennent, ceux qui développe une vision du genre. Bëiruth, qui navigue entre grâce et pureté, fait incontestablement partie de ceux-là... Immense, forcément ! (2009 | MW) ⍖⍖⍖
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