26 novembre 2009

KröniK | Caithness - Apostasy And The Sorrowful Child (2009)




Alors que son principal port d'attache, Dark Sanctuary, s'enfonce inexorablement dans la tombe et ce, en dépit d'une nouvelle offrande, éponyme, aux allures d'épitaphe, Hylgaryss offre, six ans après Crossing The Land Of Bereavement, une seconde pièce son édifice solitaire. S'il partage avec son aîné une même dimension funéraire et certains aplats tavelés de couleurs frissonnantes, Caithness n'arpente pas les caves brumeuses de la musique gothique mais davantage celle de la dark ambient atmosphérique. En ce sens, le projet a tout à fait sa place sur le jeune et excellent label Kaosthetik (Treha Sektori, Desiderii Marginis...). Drapé plus encore dans un voile religieux que Dark Sanctuary, Caithness baigne dans ce climat liturgique sombre et éthérée. Apostasy & The Sorrowful Child, qui s'arc-boute sur des couches synthétiques prisonnières de la froideur du marbre ("Derniers pas à travers le brouillard"), percées parfois par quelques échos fantomatiques qui évoquent la beauté lointaine des chants grégoriens ("Faces And Shades") ou celle d'un appel des limbes ("The Sorrowful Child"), a quelque chose d'une déambulation somnambulique dans un cimetière figé sous une neige grisâtre. 

Dans ce registre, qui réclame une exigence et un sens de l'atmosphère qui ne peut de toute façon se conjuguer avec médiocrité et fumisterie et dominé par les figures tutélaires que sont Raison d'Etre ou Arcana, Hylgaryss tire son épingle du jeu car c'est avec sincérité et une justesse de touches qu'il délivre une expression sonore au regret, au renoncement. Ténébreuse, la beauté sépulcrale que ce recueil irradie vous enveloppe autant qu'elle vous immobilise dans la pierre. Métaphore d'une vie sinistre et morose, Apostasy & The Sorrowful Child épouse la forme d'un cercle. Il débute par une "Sortie de terre" et meurt "Sous terre". Entre ces deux pôles, se succèdent des plaintes envoûtantes éclairées par une lumière blafarde filtrant à travers un rideau brumeux. Portes ouvertes sur une cellule mystique propice au recueillement, elles symbolisent cet abandon, cette renonciation spirituelle qui mènent à la perte de soi. Un vrai désespoir suinte de cette marche funèbre sans issue qui touche l'âme plus que le coeur, laquelle s'inscrit dans la parfaite continuité de la plupart des projets au service desquels Hylgaryss a offert son talent de Winter Funeral à Dark Sanctuary. Apostasy & The Sorrowful Child est une oeuvre aussi glaciale que réussie, idéale pour les longues nuits d'hiver lorsque le givre étend ses tentacules sur les carreaux des fenêtres. Les amateurs du genre ne seront pas déçus. Ceux qui suivent le musicien, non plus car on retrouve toujours sa sensibilité crépusculaire et cette capacité à conférer à ces nappes de claviers une aura spirituelle qui n'appartient qu'à lui. (2009) ⍖⍖⍖

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