Le black metal, c’est quoi ? Est-ce que c’est une bande de mecs grimés avec des moufles et une truelle chez Leroy Merlin, faisant la gueule sur des photos capturées dans une forêt enneigée et exaltant les “ Unholy Forces Of Evil ” ? Est-ce que c’est une pieuvre misanthrope dont la haine, la solitude, le désespoir macèrent au fond d’une cave à coup de complaintes mortifères et lancinantes ? Est-ce que c’est un loqueteux se prenant pour un viking égrenant des arpèges sentant bon les sapins ? Est-ce que c’est Darkthrone et ses étrons branlés à la vitesse d’un éjaculateur précoce ? Détenteur, avec d’autres de la même génération, du brevet qui a fixé les règles du genre grâce au triangle A Blaze In The Northern Sky, Under A Funeral Moon et Transilvanian Hunger, le groupe œuvre-t-il pourtant vraiment dans le metal noir désormais ? La question vaut son pesant de pentacles car, hormis le paradigme anti-chrétien affiché par le visuel de The Cult Is Alive, sa nouvelle saillie (en attendant la suivante, dans quelques mois…) invariant essentiel de la Sainte chapelle, les deux frères siamois Nocturno Culto et Fenriz donnent l’impression de ne plus avoir grand chose à foutre du genre.
Depuis Sardonic Wrath (2004), Darkthrone semble avoir trouvé une formule dont ils risquent de plus se départir, celle d’un black metal, certes toujours aussi malsain et dégueulasse ; certes toujours bâti sur ces riffs qui grésillent, ici particulièrement mis à l’honneur, comme sur le venimeux “ De Underjordiske ”, au tempo presque doom par exemple ; certes toujours vomi par le chant râpeux biberonné au Destop du Nocturno ( sauf sur “ Graveyard Slut ”, vociféré par son joyeux compère) mais surtout plus punk et heavy, trahissant de fait plus que jamais l’amour de ses deux papas pour la NWOBHM. Le black metal, c’est quoi déjà ? Du Venom, du Bathroy première ère, voilà ce que c’est…ou peut l’être. Darkthrone, c’est une définition du genre. Pas la seule. Mais, le groupe se moque bien de ces étiquettes, des soi-disantes règles à respecter sinon pan pan cul cul de la part des Ayatollahs bas du plafond chargés de maintenir l’ordre dans la confrérie, et il a bien raison ! Les mecs torchent une musique qui n’appartient qu’à eux et qui leur est avant tout destinée. Si les fans aiment, tant mieux, dans le cas contraire, tant mieux aussi ! Vous avez tapé du pied sur Sardonic Wrath, alors The Cult Is Alive et ses dix glaviots baveux de trois à quatre minutes environ vous fera bandé, même davantage encore car il suinte de très bonnes choses. Par contre, si vous estimez que le tandem n’aurait jamais dû évoluer – car, à sa manière, il évolue ! -, alors vous pouvez entamer votre deuil, parce qu’il est somme toute assez peu probable que Darkthrone vous satisfasse à nouveau un jour… Pourtant, si vous êtes de ceux-là, c’est que vous n’avez rien compris : en fait depuis toujours, les Norvégiens n’ont cessé de forger ce black cru et sale comme un Tampax usagé, mâtiné de heavy et de death primitif. Seule l’approche a un peu changé. Un bon cru donc. (2008) ⍖⍖
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