5 octobre 2009

KröniK | Ocean Chief - Den Förste (2009)




J'aurais pu débuter cette chronique de cette manière : "Suédois de sang, Ocean Chief est en revanche américain de coeur tant son stoner doom a un goût épicé de ketchup". Ce qui n'est pas faux du reste. Mais une observation plus attentive révèle que cette définition a ses limites. Ocean Chief ? Vous ne connaissez peut-être pas. Power-trio, guitare-basse-batterie donc, les Scandinaves ont déjà vidangé deux coulées de lave remarquées (The Oden Sessions et Tor) et surtout un split référentiel avec leur compatriotes de Runemagick, le cultissime The Northern Lights il y a deux ans. Avec cette patte lourde et velu, ils sculptent un doom coulé dans le moule du stoner le plus puissant. Une enclume telle que "Tomrum" porte ainsi les stigmates du metal US qui sent sous les bras. Le chant procède notamment de cette filiation. Sauf que le trio n'oublie jamais d'où vient, où il est né. Héritier d'un son rugueux établi par les ancêtres Entombed, Ocean Chief tend de fait un pont entre la sécheresse du death à la suédoise et la chape de plomb qui ne dépasse jamais la seconde. Den Förste, troisième rejeton, s'apparente à une leçon. 

Comme toujours, les pistes se déploient sur une durée conséquente (jusqu'à 16 minutes au jus pour "Sang"), quand bien même le groupe est, par le passé, allé beaucoup plus loin, n'hésitant pas à tutoyer la demie heure (!). Les réjouissances se composent de trois mines granitiques qui charrient des riffs goudronneux pataugeant dans une mélasse mazoutée tandis que la batterie a quelque chose de récifs noirs brut de chez brut. Le rythme est sentencieux et ne décolle jamais vraiment. Ces mecs aiment prendre leur temps, ils assènent des coup de boutoir gras comme le repas de famille dominical. Ils n'oublient pas non plus de soigner les atmosphères, témoin cette pellicule d'ambiance qui multiplie par 12 la valeur ajoutée de "Den Förste" et "Sång", deux périples à l'architecture avant tout instrumentale et s'étirent en de longs développements, parfois au bord d'un gouffre désespéré pour le second, qui prolonge l'agonie de sa trame de (très) longues minutes durant vers un final qui ralentit peu à peu jusqu'à mourir en un murmure lancinant. Terrassant comme un golem, Ocean Chief maîtrise l'érection d'un bloc massif, pétrifié et terreux, forteresse imprenable aux arêtes vives saignées à blanc. Du doom, oui, lent comme un cortège funéraire, aussi, mais écrasant et doté d'un relief souligné au marqueur. Du bon, du lourd... (2009) ⍖⍖⍖

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