Que reste-t-il, dix ans après son explosion tant commerciale que médiatique, de ce que l’on a un peu ridiculement baptisé le true metal ? Entre un Rhapsody (Of Fire) plus ou moins en sommeil, un Stratovarius boiteux ou un Andre Matos de plus en plus nostalgique d’un passé révolu, le bilan fait peur ! Et hormis peut-être un Edguy qui continue de sortir de bons albums ou un Silent Force mésestimé, ce sont finalement les vieux qui s’accrochent le mieux aux branches, eux qui étaient là avant, eux qui n’ont pas attendu que quelques puceaux, qui batifolaient encore dans un bac à sable quand Iron Maiden lâchait son premier rôt, se décident à défendre la cause du heavy metal. Grave Digger fait partie de ces papys qui font de la résistance et mieux encore, se bonifient avec le temps. J’en veux pour preuve Ballads Of A Hangman, sa nouvelle – la treizième - galette. Les mauvaises langues argueront que rien ne ressemble plus à un album de Grave Digger qu’un autre album de Grave Digger. Pas faux. Pourtant, cette cuvée 2009 apporte un peu de sang neuf au style du groupe sans que ses fondements soient non plus réellement bouleversés, grâce à l’embauche pour un CDI d’un second guitariste (enfin !) en la personne de l’ex-Running Wild (on aime la tradition chez les fossoyeurs) de Thilo Herrmann. Avec à la clé une question : n’est-ce pas en définitive cette seconde six cordes qui manquait tant au son des Allemands ?
Cette interrogation est légitime à l’écoute de cette poignée d’hymnes tant ceux-ci se révèlent inspirés et surtout mordants. Fort des échanges des deux duellistes, des brûlots de la trempe de “ Ballad Of A Hangman ”, “ Hell Of Desillusion ”, “ Sorrow Of The Dead ” ou bien encore “ Stormrider ” se parent de cette touche année 80 des plus agréables. A leur échelle plus modeste bien entendu, Manni Schmidt et Herrmann ont quelque chose d’un duo à la Adrian Smith / Dave Murray, différents et complémentaires à la fois (“ Grave Of The Addicted ”). Agglomérés à des titres bien speeds dont on imagine sans mal l’impact lors des festivals d’été (le refrain valeureux du morceau éponyme donne même l’impression d’avoir été capturé sur scène avec un Chris Boltendhal haranguant le public), il y a aussi sur ce disque plus accrocheur que son prédécesseur, Liberty Or Death, des saillies plus ambiancées, telles que “ Grave Of The Addicted ”, plus mid-tempo, “ Funeral For A Fallen ”, introduit avec des accents acoustiques du plus bel effet et surtout la power ballad, pesante comme une enclume et menaçante à souhait “ Lonely The Innocence Dies ” qui voit le chanteur se mélanger à Veronica “ il y a du monde au balcon ” Freeman (Benedictum) pour un duo très réussi que le capitaine du navire germanique se plaît à rapprocher du “ Where The Wild Roses Grow ” du tandem formé en 1995 par Kylie Minogue et Nick Cave ( !). On en est loin heureusement. Rien à jeter donc avec cet opus qui pourrait même séduire ceux qui ne connaissent pas Grave Digger. Pour autant, affirmer qu’il permettra à celui-ci de toucher un nouveau public, il y a un pas… que je ne franchirais pas ! Boltendahl en a cure lui qui veille sur son bébé comme un commandant sur son bateau. Ballads Of A Hangman est ce que sa troupe a fait de mieux depuis longtemps et c’est bien là le principal. (2009)
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