18 octobre 2009

KröniK | Blackmore's Night - Past Times With Good Company (2002)




Ritchie Blackmore et les lives, c’est une longue histoire d’amour débutée en 1972. A cela rien de surprenant quand on sait que c’est bien sur scène, quand bien même il excelle aussi sur disque, que le talent du guitariste prend toute son envergure, toute sa dimension. Made In Japan (1972), Made In Europe (1976) et le Live In London (1982) pour Deep Purple, On Stage (1977) pour Rainbow sans oublier tous les trésors exhumés ses dernières années tels que le Mark III – The Final Concerts (1996) pour le premier, Live In Munich 1977 (2006) pour le second, sa carrière est balisée par des enregistrements de ce type tout bonnement mythiques. A cette litanie immortelle, on peut désormais rajouter ce premier double live de Blackmore’s Night, projet que l’on ne présente plus maintenant. Capturé en Allemagne, sans doute avec le Japon où l’Homme en noir est un dieu vivant, le premier pays à avoir succombé à la musique écrite par le précieux duo, durant le Fires At Midnight Tour, Past Times With Good Company pioche comme il se doit dans les trois albums que le groupe a alors dans sa besace : Shadow Of The Moon (« Shadow Of The Moon », absolument gigantesque, « Play Minstrel Play » et son bouquet final, l’instrumental « Minstrel Hall », « Renaissance Faire » et le très rock « Writing On The Wall »), Under A Violet Moon (« Past Time With Good Company », « Under A Violet Moon », le très beau « Beyond The Sunset », « Morning Star », introduit par un violon aux accents presque tziganes et le médiéval « Durch Den Wald Zum Bachhaus ») et bien sûr le petit dernier (« Fires At Midnight », long de plus de douze minutes, « Home Again » et « I Still Remember »). 

Le couple n’oublie pas cependant de revisiter deux classiques de l’ancien répertoire du ténébreux musicien avec le squelettique « Soldier Of Fortune » pour le Pourpre Profond et ""Sixteenth Century Greensleeves" pour l’Arc-en-ciel. Mais avec intelligence et intégrité, Ritchie ne se repose jamais sur sa gloire d’antan et ces emprunts à son passé demeurent toujours parcimonieux là où de nombreux artistes auraient fait le choix prudent de ne proposer que des reliques propices à séduire les vieux fans. Pas de ça chez le Britannique qui préfère faire honneur à ses nouvelles compositions, qui d’ailleurs, le méritent amplement, celles-ci n’ayant rien à envier à leurs devancières accouchées par ses deux anciens ports d’attache. D’autant plus que, fidèle à son habitude, Blackmore, sur scène, ne se contente jamais de proposer des calques des versions studio. Ainsi, ces chansons ont bien souvent des allures de piste de décollage, portes ouvertes à toutes les transformations possibles, même si les années 70 et leurs dérives démentielles, qui voyaient les titres s’étirer d’une manière hallucinante, sont loin désormais. Ces morceaux n’en sont donc pas moins transcendés par une bande de ménestrels au talent énorme. Il suffit d’écouter le jeu du guitariste durant le monumental « Fires At Midnight » ou bien la seconde partie de « Past Time With Good Company » qui a quelque chose d’une fête médiévale colorée, pour s’en rendre compte. Et si Candice Night livre tout du long une performance dont il faut louer l’excellence, que dire d’un Ritchie qui brille lui aussi de mille feux, aussi à l’aise en électrique qu’en acoustique, format qui lui ne pardonne aucune approximation. Contrairement à ce beaucoup pense, il n’a donc rien perdu de sa maîtrise. Mieux, rarement, son jeu aura été aussi précis, fin et surtout chargé d’émotion. Elégant et racé, Past Times With Good Company se révèle être donc un live incontournable, à conseiller aussi bien aux amateurs de Blackmore’s Night (cela va de soi) mais aussi à tous ceux (les plus nombreux, malheureusement) qui ont zappé ce pan dans la carrière du guitariste depuis la sabordage de Rainbow. Ces derniers se rendront compte alors qu’ils ont eu tort même si Ritchie n’officie clairement plus (quoique) dans le registre que les fans de Deep Purple auraient voulu le voir embrasser à tout jamais. L’homme n’en a toujours fait qu’à sa tête… et c’est tant mieux ! (2009 | MW) ⍖⍖⍖⍖

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