17 septembre 2009

Krönik | Svartkraft - III : Lord Of Vermin (2008)




Des svart machin-chose, on en compte des palettes entières, au point de les confondre les uns avec les autres. Svartsyn, Svartsot, Svarty Loghin… Svartkraft, quant à lui, est un des multiples jouets de Narqath (planqué ici derrière le pseudonyme de Godslayer Vassago), un musicien qui pond des albums comme d’autres vont aux chiottes. Le Finlandais aime tellement le black metal qu’un seul terrain de jeu ne peut lui suffire et c’est pour cela que le nombre de ses projets, de Hin Onde à Azaghal, de Vultyr à Valar, est long comme une semaine d’abstinence sexuelle. Si Wyrd, pour n’en citer qu’un, explore la fibre païenne et épique du genre, Svartkraft lui permet d’arpenter les caveaux norvégiens et humides des Darkthrone et Burzum originels. Secondé comme toujours désormais par son frère siamois JL Nokturnal à la batterie, Narqath a fait d’incontestables progrès, aussi bien en terme de composition que d’enregistrement, ces dernières années et la maladresse de certaines de ses œuvres passées semble loin maintenant, quand bien même il se départira sans doute jamais d’un style d’écriture reconnaissable dès les premières mesures. Ainsi, Lord Of Vermin, troisième méfait enfanté sous la bannière Svartkraft, est sans doute le meilleur du lot. Les sept saignées qui le composent taillent de longs lambeaux d’un black metal plus intéressant que les clichés que le duo aligne comme des pinces à linges sur un fil (faces de ghoules grimées à la truelle, production sale comme des menstrues, satanisme comme combustible…) font craindre de prime abord. 

On aurait pu donc s’attendre à un écartèlement en règle, bas du plafond et qui irrite les muqueuses. En fait, Lord Of Vermin emprunte à chaque fois une direction autre que celle qui semblait lui être destinée. Après un départ pied au plancher, guidé par des riffs vicieusement obsédants, « The Contamination » ouvre en son milieu, tandis que le tempo entame une décélération malsaine, un espace de mort où le temps est suspendu au-dessus d’un gouffre. Même constat avec « Dominion Of The Worm » : ça va à 100 à l’heure façon Lapin Duracel. Banal à première vue sauf qu’il y a à nouveau ce break lent et mélodique qui scinde cette convulsion morbide en deux avec le chant clair de Narqath. Et si le long « Vortex Of Human Sufering » donne le (faux) air de prendre un chemin identique, « Dust And Bones « s’aventure sur celui d’un mid-tempo lancinant à souhait tandis que « Vermis Hysteria » est une pulsation gangrenée par une folie rampante, rouillé par des effluves déglinguées. Lord Of Vermin atteint le fond de la mine avec le burzumien « Fields Of Blood And Regret » qui suinte, notamment grâce à ces lignes vocales polluées, cette mélancolie propre à son principal géniteur et s’achève sur une (légère) accélération salvatrice. Les amateurs de bon true black metal à l’ancienne devraient trouver matière à nourrir leur mal être avec ce troisième opus. Et si vous n’avez pas votre dose de Narqath, sachez que le Finlandais a également déjà accouché d’un nouveau Wyrd, nommé Kalivägi et qui sera disponible lorsque vous lirez ces lignes ! (2009) ⍖⍖



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