25 septembre 2009

KröniK | Grieving Age - In Aloof Lantern, Thy Bequeathed a Wailer Quietus... (2009)




A Jeddah, en Arabie Saoudite, il n'y a pas qu'une base de l'armée américaine, il y aussi (et surtout ?) Grieving Age, chapelle érigée depuis 2003 en honneur au dieu Doom Death. Surprenant ? Oui et non. La souffrance, l'affliction, la dépression, autant de sentiments qui forment les piliers de cette musique, sont universels et n'ont pas besoin du terreau scandinave ou britannique par exemple pour proliférer. Après un single - The Hopeless River - en 2005 et une démo - In Solace Enthroned By Thorns - il y a deux ans, les Arabes prononcent aujourd'hui leur première prière longue durée qui en outre a pu bénéficier des doigts experts de Dan Swanö pour son mixage, patronage bienveillant et gage de qualité certain. Au programme, deux plaintes seulement mais chacune dépasse le quart d'heure de lamentations, dans la grande tradition du genre donc. De fait, Grieving Age respecte à la lettre tous les invariants propres à l'école du doom death, britannique notamment : longues marches funéraires et granitiques, guitares qui tissent des câbles de désespoir, éructations caverneuses, tempo monolithique et lancinant, socle lourd comme une enclume... Fidèle au Tables de la Loi, certes, mais cela n'empêche pas le groupe de forger avec In Aloof Lantern, Thy Bequeated A Wailer Quietus... un bloc de matière brute des plus prometteurs, quand bien même il n'invente rien. 

Néanmoins comme l'originalité à tout prix n'a jamais été une question essentielle dans un genre qui repose surtout sur la sincérité et la capacité à ouvrir des paysages de tristesse absolue et à libérer une forme de négativité, ce qu'a parfaitement assimilé Grieving Age, on pardonnera aisément à celui-ci de ne pas nous surprendre. Ce n'est pas grave. Deux titres donc. Le premier d'entre eux, "A Quadrennial Dame Pyres, Hearses Shall No Yawn, Thence...", qui s'étire sur près de vingt minutes, arpente des caveaux humides et pétrifiés, interminable reptation gangrenée par un immobilisme admirable qui progresse (?) à la vitesse d'une limace ayant absorbé du valium par boite de 12. Plus réussie est la complainte suivante, "Therefore, A Myriad of Gargoyles Bellow Their Aborted Versicles, Quoth Thee…" qui, après une intro dessinée par des riffs englués dans la mélancolie, maîtrise avec délice l'art de l'accélération infernale. On pense alors à Ataraxie, Mourning Beloveth, Mournful Congregation sans que les évocations à ces figures tutélaires ne soient embarrassantes car le groupe grave heureusement un tumulus minéral qui lui est personnel. Il sait avalé l'espace, se déployer dans la durée et, ce faisant, atteindre les limites du supportable, dont il n'est pas loin de faire exploser le compteur Geiger. D'une chiantise évidente pour beaucoup mais les doloristes trouveront avec In Aloof Lantern, Thy Bequeated A Wailer Quietus... matière à alimenter leur spleen habituel. Une bonne pioche dans le genre et un groupe à suivre. (2009) ⍖⍖⍖


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