Plus encore que le mésestimé Born Again braillé par un Ian Gillan dont on se demande encore ce qu’il faisait par là, Seventh Star est bien l’album qui a inauguré le déclin (sur un plan commercial uniquement) du groupe de la Perfide Albion. D’ailleurs, avec Tony Iommi comme seul membre originel toujours à la barre, peut-on alors encore parler de groupe ? Pour appréhender cet opus parmi les plus décriés de sa carrière, il faut en réalité bien avoir en tête sa genèse. A l’origine, Seventh Star qui le voit s’acoquiner avec un Glenn Hughes qui, à cette époque, est gangrené par la dope, n’est en réalité qu’une escapade en solo pour le guitariste. Sa nature explique donc la teneur beaucoup plus mélodique (“ In For The Kill ”), ainsi que la présence à priori incongrue – encore que les collaborations suivantes entre les deux musiciens démontreront le contraire - de l’ancien bassiste de Deep Purple (après tout, après Gillan, pourquoi pas ?) derrière le micro, d’un album qui ne doit d’être sorti sous la bannière Black Sabbath qu’à cause de la pression de la maison de disque qui estima que le nom du groupe s’avérait forcément plus porteur pour le tiroir-caisse que celui du gaucher.
Quand bien même il annonce par moment le style qui sera de mise lors de l’ère Tony Martin (Headless Cross…), à l’image du lent titre éponyme notamment, Seventh Star est donc à prendre pour ce qu’il est – un album solo – et non pas comme ce qu’en a fait le label (le douzième opus du sab’). Une fois ce cadre posé, on peut juger avec justesse ce disque méconnu dont ses géniteurs n’ont pas à avoir honte. Bien au contraire. En dehors de deux courtes étreintes anecdotiques (“ Sphinx ”, “ In Memory ”), le moustachu démontre qu’il n’a pas encore besoin de prendre du viagra pour dresser une érection créatrice. Du très beau “ No Stranger To Love ” au puissant “ Danger Zone ”, de l’énervé “ Turn To Stone ” à l’envoûtant “ Seventh Star ”, pièce maîtresse du lot, ces coulées voient le guitariste se déchirer sur son manche (“ Heart Like A Wheel ” et son orgie de six cordes) et ce faisant, il livre quelques unes de ses plus belles éjaculations, autant de sources d’orgasmes sans fin. Bien que totalement shooté du matin jusqu’au soir, Hughes n’a pourtant rien perdu de sa superbe en terme de puissance vocale (“ Angry Heart ”). Un très bon album qui mérite d’être (re)découvert afin qu’il soit (enfin) jugé à sa juste valeur et qui prouve que cette période sombre de Black Sabbath, entre le milieu des années 80 et le retour de la loque humaine Ozzy, mérite mieux que le dédain, le mépris ou au mieux, l’indifférence, dont elle est malheureusement la victime. Entouré de chanteurs bien plus talentueux, de la trempe d’un Dio ou d’un Hughes, Tony Iommi prouve qu'il est un grand compositeur et n’a nullement besoin de Osbourne pour exister contrairement à ce que beaucoup estiment. A tort. (2008) ⍖⍖⍖
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