23 septembre 2009

KröniK | Buried Inside - Spoils Of Failure (2009)




Buried Inside n'abrite pas en son sein une poignée de stakhanovistes : quatre ans entre Suspect Of Symmetry et Chronoclast, autant de temps de nouveau entre ce dernier et Spoils Of Failure. A la décharge de ces Canadiens, reconnaissons que leurs opuscules ne se limitent jamais à une brochette de simples morceaux agglomérés les uns aux autres mais au contraire sont pensés, élaborés comme des oeuvres cohérentes qui progressent vers un but précis. Corollaire de cette architecture ambitieuse et exigeante, leurs albums doivent être appréciés de manière globale, jamais de façon fractionnée. Sans véritablement suivre la colonne vertébrale d'un concept défini comme ce fut le cas de Chronoclast, Spoils Of Failure forme néanmoins un tout, ce que suggère le titre de ses pistes, uniquement nommées de un à huit, quand bien même toutes sont indépendantes les unes des autres. Leur écriture a débuté en 2006. Une très longue durée a donc été nécessaire à leurs auteurs pour en venir à bout. Si Chronoclast était un concentré brut, une masse dense et tendue, toujours au bord de la rupture, ce qui aboutissait par moment de franches et furieuses explosions, son successeur semble à première vue plus posé, plus lancinant et hypnotique aussi. 

Toutefois, c'est là une impression trompeuse car la tension s'avère en fait toujours bien présente seulement elle affleure davantage qu'elle communique son énergie négative à l'ensemble. Souterraine, on sent cette tension larvée, sourde, parfois cependant proche de refaire surface ("VII" et, de manière générale, toute la dernière partie de l'album). Ce qui n'ôte rien à son intensité. Plus doom que ses aînés ("VIII"), Spoils Of Failure est un bloc étouffant d'une noirceur absolue. Insondable. Il y a un tel désespoir qui suinte tout autant de ces riffs minée par la tristesse (comme lors des deux premières plages notamment) que de ce chant rageur qui porte en lui toute l'inexorabilité d'une vie grise et sans (vrai) bonheur. Fiévreuses, ces plaintes vous collent aux tripes et touchent votre âme, elles donnent l'impression d'avancée vers une issue dont on sait qu'elle sera fatale et sans lumière. Et pourtant, elles irradient également une beauté gigantesque, certes triste mais bien réelle. Il suffit de s'abandonner dans les arcanes de la cinquième d'entre elles pour se convaincre que derrière la tragédie est parfois caché quelque chose de beau. Spoils Of Failure, qui porte décidément bien son nom, appelle les larmes, mais jamais misérables toujours justes et nobles. Il confine aussi à une forme d'introspection ("VI"), de recueillement. On ne sort pas tout à fait indemne de son écoute, il en restera forcément quelque chose, il aura ouvert une porte en vous. (2009) ⍖⍖⍖

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