Sombrer plus profond encore dans la dépression funéraire, dans l’agonie doloriste était de toute façon impossible. Dès son premier essai, Forest Of Equilibrium, Cathedral avait déjà atteint les limites du supportable en terme de lenteur frissonnante et mortifère, comme si son principal géniteur, Lee Dorrian, s’était fixé pour but, après son (éphémère) expérience avec le grind et ses bombes qui ne dépassent jamais les deux minutes lors de son passage dans Napalm Death, d’aller à l’autre bout du prisme de l’extrême. De fait, son successeur, The Ethereal Mirror sonne presque groovy en comparaison. Après avoir donner naissance à ce que l’on n’appelait pas encore le funeral doom, Cathedral se pose alors comme le fils spiritual du Black Sabbath période Ozzy, position plus courageuse qu’il n’y paraît, à une époque où le groupe de Tony Iommi n’intéresse plus grand monde. L’album se scinde en deux parties distinctes. La première, qui débute par une intro monstrueuse, “ Violet Vortex ”, forge un doom classique, teinté d’influences seventies, accrocheur bien que toujours cimenté dans un heavy granitique.
Plus courts, plus ramassés, en deux mots, plus hard rock, que leurs aînés, les imparables “ Ride ” et surtout “ Midnight Mountain ” ont presque des allures d’hymnes, de tubes en puissance ( !). Dorrian y chante quasi normalement ; Gary Jennings usine des riffs plombés dignes du gaucher moustachu. La césure survient avec le gigantesque “ Fountain Of Innonce ”. Oscillant entre passages atmosphériques et explosions death metal, il s’achève en une orgie instrumentale aux forts relents sabbathiens. Ensuite, les titres se succédant, The Ethereal Mirror s’abîme chaque fois un peu plus dans la noirceur suffocante, dans la lenteur pétrifiée, le tréfonds étant atteint lors du tellurique “ Jaded Entity ”, Golgotha douloureux et fascinant à la fois qui s’enfonce durant son final dans les abysses insondables, et plus encore “ Phantasmagoria ” lequel, pendant près de 9 minutes sans fin, renoue avec le cauchemar lancinant de Forest Of Equilibrium. Curieusement, le disque s’achève sur une note paisible et acoustique, le court “ Imprisoned In Flesh ”, rayon de lumière en parfait contraste avec ses prédécesseurs pétris d’une souffrance désespérée et rageuse et d’une poésie mystique quasi chamanique. Peut-être le chef-d’œuvre de Cathedral (sauf pour quelques Ayatollahs restés bloqués sur les débuts du groupe), et certainement son apogée commerciale. (2009 | MW) ⍖⍖⍖⍖
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