27 août 2009

KröniK | Voivod - Infini (2009)




Contrairement à son prédécesseur, Katorz, gravé dans la douleur suite à la fin prématuré de Piggy, guitariste et acteur essentiel du son Voivod et dont l'appréciation fut forcément perturbée par l'émotion suscitée par la mort du musicien, son petit frère Infini peut quant à lui être analysé avec davantage de recul, quand bien même la tristesse, si elle a été depuis digérée, reste forte quatre ans après. Album inégal souffrant de finitions bien entendu maladroites, Katorz fut de fait difficile à juger à sa juste valeur. Heureusement, même si son élaboration est identique (les membres restant poursuivent, et terminent du reste, l'utilisation des ébauches, des soli enregistrés par leur pote avant sa disparition), ce nouvel et à priori dernier opus se révèle bien supérieur à son récent aîné. Les chansons sont plus fortes et la production plus achevée. Il n'est tout simplement pas parasité par ce sentiment d'inachevé (pardon pour la répétition mais c'est tout à fait ça) dont a pu pâtir le premier disque des Canadiens sans leur guitariste emblématique. Infini a cette fois plus l'air d'un travail de groupe. Pourtant, Voivod n'est plus vraiment ou du moins son avenir se veut des plus incertains. Ainsi, Jason Newstead qui confère son âme en même temps que son talent à cet ultime souffle ne prend pas part aux tournées à venir qui voit Snake et Away jouer avec le revenant Blacky à la basse et leur guitariste et ami (une valeur fondamentale pour eux) Daniel Mongrain. 

De fait, Infini a tout de l'oeuvre qui "devait être réalisée" pour en terminer avec le passé et l'histoire. On sent bien que les gars y ont donné, une fois de plus, tout ce qu'ils ont dans le coeur pour rendre hommage à leur frère d'arme. Mention spéciale à Snake dont on peut goûter avec délectation le chant épais et déraillé si particulier. Il n'est d'ailleurs parfois pas si éloigné que cela d'un Lemmy (Motörhead), comme en témoigne la redoutable entame "God Phones". Ces treize titres qui demeuraient dans les cartons naviguent dans les eaux sombres et désenchantées ("Destroy After Reading") de Angel Rat (1991) et de l'album éponyme (2003). On y croise donc ce metal moderne qui ne ressemble à aucun autre, qui doit beaucoup il est vrai au jeu étrange du défunt Dennis D'Amour ("Treasure Chase"). Sans véritablement se parer d'un voile cosmique, dont pourtant Away a toujours été particulièrement friand, la musique du groupe a toujours possédé cette dimension mystérieuse qui semble provenir d'un ailleurs intouchable. Infini aligne avec nettement plus de réussite que Katorz des morceaux tour à tour super heavy aux noms savoureux ("God Phones", "From The Cave", "Earthache"...), presque rock'n'roll (l'entraînant "Deathproof", "Volcano") ou plus atmosphériques et d'une beauté déchirante (le néanmoins puissant "Global Warning", "A Room With A.V.U."...) voire carrément inquiétants ("In Orbit", "Pyramidome", le malsain "Morpheus", sur lequel la voix de Snake fait des merveille). Une belle conclusion pourvue d'un charme réel pour un groupe unique dont le retour en 2003 a été brisé par le destin. Même si beaucoup espèrent que Voivod n'en restera pas là (on parle de plusieurs DVD dans les tuyaux ainsi que d'une rondelle en solo de Piggy, encore à donner vie), il serait pourtant peut-être plus judicieux d'en rester là. Voivod s'est éteint en 2005, on ne peut le nier... (2009) ⍖⍖

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