10 août 2009

KröniK | Svn Of The Blind - Skullreader (2009)




Une nouvelle étoile vient de surgir dans la galaxie Darkspace : Svn Of The Blind, vaisseau spatial mis en orbite par Zhaaral, l'une des trois faces d'extraterrestres de l'étrange entité suisse. Les liens noués avec cette dernière sont forcément évidents, bien plus que ceux qui peuvent la relier à Paysage d'hiver, le projet de son comparse Wroth. On retrouve en effet chez Svn Of The Blind cette façon d'emplir l'espace, d'étirer sa trame sur des durées très longues, de tisser des riffs stellaires comme venus de très très loin, de forger un magma nébuleux à la dimension lovecraftienne. Mais là où Darkspace reste hermétique, préférant les méandres cosmiques et abyssales de l'ambient au socle du pur black metal, son petit frère impose un cadre plus accessible car il développe des structures finalement plus "classiques". Le monumental "Cursed Universe" témoigne admirablement de cette proximité pourtant polluée par une expression aux atours différents. Plus classique : tout est relatif, néanmoins. Moins effrayant que les oeuvres de Darkspace, Skullreader gagne par contre en lisibilité et en beauté ("Fire And Thirst" et plus encore le tragique "Ornaments") ce qu'il perd (un peu) en ampleur vertigineuse, quand bien même les cinq voyages qui le forment plongent plus qu'à leur tour dans des arcanes insondables, un trou noir épouvantable. 

Comme chez l'aîné, le paysage est avant tout instrumental, les rares pistes de chants étant davantage utilisées comme élément d'un tout et non pas comme un fil d'Ariane dont les autres instruments suivraient les notes. Mixé très retrait, parfois même féminin ("Lord Of Mind"), il est avalé par les couches saturées d'effluves qui se répandent à travers tout l'habitacle. Black metal lancinant, touches gothic toujours parcimonieuses et rouille ambient s'accouplent pour enfanter un monstre hypnotique dont les tentacules libèrent des ondes aux confins de l'irréel. Accompagnées par une rythmique syncopé et synthétique et par des couches de claviers entêtantes, les guitares pilotent ces plages opaques aux contours flous ; elles érigent un univers gigantesque et d'une froideur superbe dont l'apothéose est atteinte lors du terminal "Vanitas", maelstrom grouillant en provenance direct de l'espace et qui se propulse vers l'Absolu, vers une immensité terrassante et néanmoins belle à en pleurer. Skullreader est un gouffre dans lequel il est bon de se perdre, périple hallucinant et halluciné dont il faut louer la faculté à se déployer dans l'infini. Il est d'une excellence digne des albums de Darkspace dont il est une une exploration, une extension ; il en reprend la base qu'il triture, qu'il transcende, qu'il déchire, perturbe... Monumental. (2009) ⍖⍖⍖





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