10 août 2009

KröniK | Kongh - Shadows Of The Shapeless (2009)




Kongh a beau afficher la nationalité suédoise sur son passeport, cela n'empêche pas son doom/sludge rouillé et suffocant de se nourrir jusqu'à l'indigestion du metal graisseux usiné dans les aciéries américaines. Il tête notamment les mamelles généreuses du grand Yob. Cependant, l'art des Scandinaves se veut moins cosmique et enfumé et plus âpre et rugueux. La musique forgée par Kongh est à l'image du patronyme choisi par ses trois géniteurs : écrasante, titanesque même. Shadows Of The Shapeless, leur seconde enclume après un premier jet remarqué (Counting Heartbeats) et un split avec Ocean Chief davantage encore, a donc quelque chose d'un golem effrayant qui vous terrasse, vous scotche au mur et arrache la tapisserie. Jugez plutôt : cinq plaintes coulées dans le fer encore brûlant pour près d'une heure d'agonie ! Pas besoin de s'armer d'une calculette pour mesurer combien ces Suédois aiment prendre le temps pour racler les chairs, poser des ambiances propices à attirer le chacal en maraude. Monolithique certes, mais le trio maîtrise les ruptures, les cassures qui leur permettent d'éviter d'avoir un encéphalogramme trop plat. Peu de lumière ici et surtout un art de la douleur qui suinte la décrépitude par tous les pores. 

D'entrée de jeu, le monstrueux "Unholy Water" du haut de ses onze minutes au compteur, installe un climat étouffant, piste minée par la souffrance aux multiples circonvolutions. puis c'est le tunnel jusqu'aux ultimes mesures. Etonnamment, "Essence Asunder", débute de manière posée et limpide. Mais cette impression est trompeuse et très vite, le chant plus death que core a tôt fait d'enténébrer la pièce et de plonger l'écoute dans un charnier boueux à grands coups de riffs pétrifiés et perforations rythmiques velues. Et quand, le temps semble vouloir s'arrêter, quand des grattes solitaires tricotent des accords grêles et squelettiques, c'est la mort qui se profile à l'horizon. Si le groupe est capable de se délester d'un court instrumental à la tristesse chevillée au corps et d'une grande sobriété (le très beau "Tänk pa Döden") ou d'accélérer un tant soit peu la cadence, comme il sait le faire durant la première partie de "Voice Of The Below", toutefois son aptitude pour les paysages dévastés, mortifères, reprend toujours le dessus et triomphe lors de l'interminable marche funéraire que représente "Shadows Of The Shapeless", quart d'heure au relief torturé. Pas un chef-d'oeuvre, peu d'originalité également mais les amateurs de sludge Doom massif devraient y trouver matière à cultiver leur penchants masochistes. (2009) ⍖⍖⍖




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