Quand bien même de plus en plus de groupes osent depuis ces dernières années le tout instrumental (Karma To Burn, Pelican, Caldera, Capricorns...), prouvant par là même qu'absence de chant n'est pas synonyme de chiantise absolue, ce choix demeure encore aujourd'hui assez marginal. Pourtant cela fait déjà dix ans que Dyrhythmia n'enfante que des albums - Psychic Maps est déjà son quatrième bébé - de ce type. Il faut dire que le genre auquel les Américains sont rattachés, le progressif, reste probablement celui qui se prête le mieux à ce parti pris. Néanmoins, parler de prog à l'encontre de ce trio dont deux de ses membres, le guitariste Kevin Hufnagel et le bassiste Colin Martson, animent également, entre autres, Gorguts, une référence en matière de techno death, semble un raccourci maladroit. Pas de branlette de manche ou de plans à rallonge chez Dysrhythmia qui forge plutôt un metal certes technique mais surtout profond et sombre et jamais stérile. Psychic Maps est ainsi un concentré de riffs, de breaks, de cassures polyrythmiques d'où jaillit pourtant parfois une certaine forme d'émotion ("Reactionary", "Room Of Vertigo"). Les compostions, hormis la dernières d'entre elles, "Lifted By Skin" qui voisine avec les onze minutes, conservent une durée toujours raisonnable.
Par contre corollaire de ce format relativement court ("Iron Cathedral"), elles ont une densité égale à celle du Japon tout en restant, ce qui est un exploit, des plus digestes (ce ne sera du reste sans doute pas l'avis de tout le monde). La trame repose sur un maillage donc très serré, irriguée par une rythmique explosive et une guitare exploratrice. Ces mecs démontrent que l'on peut écrire des morceaux instrumentaux, à la fois extrêmement mélodiques et avec du sens et dont on ne se dit jamais durant leur écoute qu'un peu de chant aurait été le bienvenu. Ici, le socle se suffit à lui-même. Des perles telles que "Room Of Vertigo", émaillé de passages d'une beauté à couper le souffle, "Festival Of Popular Delusions" le démontrent avec évidence. Et s'il est un titre à écouter en priorité, c'est bien "Lifted By Skin", gigantesque périple épique tout en progression et en ambiances qui démarre comme une montée en puissance tellurique (mon dieu, quel final !). Car la musique du trio sait déverser une énergie digne d'une centrale nucléaire fonctionnant à plein régime. Puissant, passionnant, émotionnel et doté d'une virtuosité toujours mise au service de titres aux développements il est vrai alambiqués, tel est Psychic Maps, tel est Dysrhythmia, dont on se demande quand même s'il est bien à sa place chez Relapse Records, label habitué vendre davantage de brutalité. (2009) ⍖⍖⍖
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