26 août 2009

KröniK | Dodsferd - Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow (2009)




Il existe une magie dans le black metal misanthropique et suicidaire, celle de parvenir à nous faire croire que l'on tient avec Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow un nouveau cercueil scandinave alors qu'il s'agit d'un cri de haine envers la gangrène du conformisme ambiant vomi en Grèce par un certain Nikos Spanakis (!). On s'y croirait pourtant : visuel des bois avec forêt figée sous la neige, râles hystériques vociférés à intermédiaires irréguliers, tempo sous valium, accords répétitifs à l'extrême et une gargouille solitaire ubiquiste qui se charge de tout. Mais c'est que cette sous-chapelle de l'art noir est universel, car les valeurs, les sentiments qui la sous-tendent le sont en fait tout autant. Le Grand Nord n'a pas le monopole de la dépression et même sous le soleil brûlant de la Méditerranée on peut usiner une musique alimentée par la mélancolie et la souffrance. Cela fait déjà cinq albums que Dodsferd pratique le dolorisme. Grâce à Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow, ce (désormais) one man band tente de repousser, comme bien d'autres du reste, les limites du supportable. 

Deux plaintes seulement donc qui s'étirent respectivement sur une vingtaine de minutes pour la première, le quart d'heure pour la seconde. Si cet exercice masochiste ne surprend plus aujourd'hui, il est vrai qu'il se révèle parfaitement adapté à ce type de black metal plus proche du doom que de Dark Funeral. Encore faut-il ne pas être un médiocre et se contenter de multiplier jusqu'à l'écœurement un même accord. Nikos (Wrath pour la scène) n'a pas ce problème là, il maîtriser ce format qui ne pardonne pas la nullité. De fait, ces dérives mortifères distillent avec largesse un climat sinistre superbement malsain et ce faisant, dessinent une sorte de danse macabre hypnotique aux confins de la transe. Pourries jusqu'à la moelle (surtout la seconde, "His Veins Colored The Room", rongée par des riffs dissonnants et rouillés et par moment proche d'une cacophonie industrielle), elles sécrètent un fluide ténébreux qui colle à la peau. Comme toujours (ou souvent) avec le genre, Suicide And The Rest Of Your Kind Will Follow n'est pas très original mais comme toujours (ou souvent), on s'en moque pas mal car il honore avec sincérité son cahier des charges. Noir, lugubre mais beau et envoûtant aussi, cet opus racle les chairs et vrille le cerveau, comme il se doit. Si vous aimez Burzum, Austere, Ars Diavoli (pour situer le décor), alors il devrait sans problème plonger dans une nuit sale et épaisse votre salon. L'automne est en avance cette année... (2009) ⍖⍖⍖

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