Etonnant comme Cult Of Luna et Isis semblent suivre une trajectoire quasi identique. Tous les deux ont débuté dans une veine hardcore, dont il reste des oripeaux dans certaines lignes vocales comme dans l'attachement à un son épais, tous deux ont ensuite explosé auprès d'un public plus large avec un album plus accessible et plus atmosphérique (Salvation pour les Suédois, Panopticon pour les Américains) , tous les deux ont cherché ensuite à poursuivre dans cette voie ; tous les deux enfin déçoivent aujourd'hui malgré une (timide) tentative pour faire demi-tour vers un passé plus brut. Ceci dit, une observation plus poussée montre que dans le cas d'Isis, réduire son cinquième opus, Wavering Radiant à un simple retour en arrière n'est pas tout à fait exact. Certes, l'album s'ancre dans une dureté plus minérale que son prédécesseur et néanmoins convaincant In The Abscence Of Truth, comme l'illustrent certaines compositions telles que l'épidermique et aérien "Ghost Key", secoué par des instants rageurs. Mais, aussi paradoxale que cela puisse paraître, jamais les Américains n'ont été aussi progressifs, tant dans leur approche de la musique que dans la plastique qu'ils travaillent. Le titre d'ouverture, "Hall Of The Dead" est ainsi drapé dans un voile de claviers aux relents seventies et prog surprenant, ce qui n'est d'ailleurs pas forcément pour nous déplaire. Cet instrument, entre les mains de Bryant Clifford Meyer, fait plus que dessiner un simple contour, il souligne fortement la colonne vertébrale qui suivent les morceaux ("Stone To Wake A Serpent"...). On a finalement l'impression que le groupe cherche une position qui lui convienne, écartelé entre la fureur, l'agressivité des débuts et l'enveloppe plus évanescente de ses dernières recherches, celles qui lui ont valu le plus succès.
De fait, Wavering Radiant, en dépit de ses qualité, se pose comme une œuvre un peu maladroite quand bien même elle reste fidèle à la signature de ses auteurs. L'habitué sera donc heureux de retrouver ces longs développements déchirés entre noirceur et grâce, lourdeur titanesque et capacité à décoller très haut vers la stratosphère ("Hand Of The Host" et sa dramaturgie reptilienne), chant clair et émotionnel et cris porteur d'une violence sourde, assuré avec par l'impeccable Aaron Turner. Seulement, cette fois-ci, la mayonnaise prend avec plus de difficulté ; il lui manque du liant, une certaine fluidité aussi ("20 Minutes/40 Years"). L'album est bon, fort de titres puissants, avec du relief et bien écrits (notamment le très long "Threshold Of Transformation" qui termine l'écoute avec un maillage d'une grande densité et synthétise avec brio l'identité des ses géniteurs) mais dépourvu de folie et de passion... Et au final, on ne retient rien ou bien peu de ce disque qui ne marquera certainement pas l'histoire du groupe, même si son accueil sera certainement positif chez ceux qui l'ont découvert avec Panopticon. Souhaitons malgré tout qu'Isis renoue la prochaine fois avec une forme d'inspiration à laquelle il nous avait habitué jusqu'à présent. Mais peut-être que la formation n'y est finalement pour rien. Peut-être que la raison de cette (relative) déception est plutôt à chercher du côté de l'essence même d' un courant musical - le post rock - dont on commence à être sevré... (2009)
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