En dépit de ses presque deux décennies d'existence et un parcours qu'aucun mauvais disque n'est venu entacher (certains, tel The Grand Grimoire, peuvent même être considérés comme des petits classiques du genre), God Dethroned n'est parvenu à s'extraire des marécages de la série B. Pourtant, les Hollandais peuvent compter sur l'appui du puissant Metal Blade. Mais rien n'y fait et ce n'est certainement pas ce Passiondale qui devrait changer la donne. Et c'est bien regrettable car cette huitième cavalcade peut être tenue pour ce qu'ils ont offert de plus convaincant depuis très longtemps. Il faut d'ailleurs saluer la persévérance, la volonté du maître des lieux, Henri Sattler, dernier membre encore actif de la formation originelle. Cette instabilité récurrente en terme d'effectifs est peut-être justement l'une des causes principales du modeste succès de God Dethroned. Espérons que cette nouvelle incarnation avec la guitariste Susan Gerl, le bassiste Henk Zinger qui s'accroche aux branches et le revenant Roel Sanders derrière les fûts, permettra au groupe de mettre à profit les qualités d'un album qui suit paradoxalement une double trajectoire.
A la fois moins mélodique que son prédécesseur, Toxic Touch, dont la moindre teneur en brutalité en a déçu plus d'un, et pourtant enrichi de chant clair beaucoup présent qu'autrefois ("Poison Fog"), Passiondale fusionne avec brio death metal teinté d'une louche de black ("No Man's Land") et sens de l'épique plutôt bien amené ("Passiondale"). Axé sur un concept - c'est la première fois dans l'histoire des Néerlandais - emprunté à la Première Guerre mondial comme son titre le suggère, Passiondale ouvre les veines d'un metal implacable et lourd, parfois pas si éloigné que cela d'un Bolt Thrower qui aurait mangé du lion (le superbe "The Cross Of Sacrifice" qui l'ouvre de la plus efficace des manières, le tempo digne d'un blockhaus érigé par l'infernal "No Survivors",le solo qui transperce "Fallen Empires"). Le groupe a soigné les parties de guitares, d'une solidité rugueuse impressionnante ("Behind Enemy Lines") qui soulignes avec puissance les lignes vocales âpres de Sattler. Certes, God Dethroned semble s'être considérablement assagi depuis ses débuts sous le signe du satanisme. Néanmoins, ce qu'il a perdu en fureur sanglante, il le compense par une maturité évidente, une architecture plus élaborée et une forme de beauté, comme l'illustre l'instrumental final, "Artifacts Of The Great War". Une bonne pioche donc. (2009) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire