14 juillet 2009

KröniK | Glorior Belli - Meet Us At The Southern Sign (2009)




Cette troisième offrande de Glorior Belli, mais la première à bénéficier de l'appui de Candlelight Records, était de fait attendue au tournant par tous les septiques qui s'interrogeaient sur le bien-fondé d'une telle association. Certes, le label accueille également le sulfureux Blut Aus Nord, pas vraiment un projet mainstream donc, toutefois pour beaucoup les Français auraient dû demeurer chez Southern Lord, structure qui semblait davantage leur convenir. Alors, que vaut ce Meet Us At The Southern Sign ? Glorior Belli bande-t-il désormais mou du zizi ? Il n'est pas la peine de tourner autour du pot plus longtemps : rassurez-vous, Infestvvs et Alastor restent fidèle à un black metal fiévreux qui ne ressemble à aucun autre. A la fois super carré, presque rock 'n' roll par moment (le final du très beau "Fires Of The Sitra Ahra" par exemple) et chantre d'une dramaturgie lancinante et malsaine, cet album transpire une malignité inouïe. Si elles carburent toujours au satanisme et au luciférisme, ces saillies arborent une plastique plus élaborée, plus fine, que ce que pourraient usiner bien des hordes de série B allant faire leur course dans la supérette satanique du coin de la rue. Ainsi, Glorior Belli n'hésite pas à se fendre d'un instrumental tout en progression tel que l'immense "Swamp That Shame" ou à téter les mamelles d'un blues déglingué avec le surprenant et bien nommé "In Every Grief-Stricken Blues", qui sent bon les Bayous et l'alcool frelaté. Il s'agit certainement d'une des meilleures compos de cet album qui ne ressent en outre jamais le besoin de marteler une vitesse facile et factice pour s'abîmer dans des profondeurs boueuses et mélancoliques (le superbe et également instrumental "My True Essence", porteur de vibrations décrépies et absolues). Ces morceaux préfèrent dériver sur des tempos lourds et pesants au bord d'un gouffre vertigineux ("Once In A Blood Red Moon", secoué par des riffs vicieux, "The Blazing Darkness (Of Luciferian Skies)", le long "Meet Us At The Southern Sign", pièce terminale qui exsude un fluide evil d'une noirceur perturbante). Et si les Français se lancent parfois dans l'érection d'une cadence plus frénétique, comme en témoignent "The Forbidden Words" ou bien "Nox Illuminatio Mea", c'est pour la briser par des coups de boutoir pétrifiés. Meet Us At The Southern Sign baigne tout du long dans un climat de fin du monde, un monde avalé par les ténèbres. Apre et cru sans patauger dans une production nécro et crado derrière laquelle beaucoup trop de médiocres traîne-savates se planquent, ce méfait en est pour une fois vraiment un, car excellent, singulier et original tout en sachant conserver l'esprit du pur black metal. Une réussite. (2009)


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