En France aussi on a des légendes ancestrales, des mythes séculaires, des forêts éternelles porteuses d'histoires. En France aussi on peut tricoter un bon folk metal ni sautillant à la Finntroll ni forcément black metal pagan. La France possède toutes les conditions pour être, au même titre que le Royaume-Uni ou la Scandinavie, le théâtre d'une scène païenne active et à fortiori quand on est issue du nord est du pays et de Lorraine qui plus est. Fenrir en est la preuve. Ils sont six - cinq hommes et une femme - et Frozen Flowers est leur seconde offrande depuis qu'ils ont vu le jour en 2006, naissance suivie rapidement d'un jet séminal, Whispers Of The Old World. Deux particularités à signaler les concernant : la présence d'une chanteuse, Elsa, aussi en charge du violon qui apporte une touche un peu gothic metal à l'ensemble mais attention, un gothic façon Liv Kristine (Leaves' Eyes, Theatre Of Tragedy) pas celui des divas lyriques de bas étage et des atours purement heavy metal ("The White Deer", par exemple et son feeling très Iron Maiden), que véhiculent des guitares accrocheuses. De fait, Fenrir, s'il aligne comme des pinces à linges sur un fil, pas mal d'invariants propre au folk metal (ritournelles des anciens temps, recours à des instruments traditionnels...), se fait le chantre d'une musique musclée qui sait éviter les pièges (trop) festifs du genre.
Bref, le groupe n'oublie d'où il vient : d'un metal rehaussé de touches folkloriques et non pas l'inverse. Frozen Flowers réunit six danses en vingt-cinq minutes, ce qui est peu. Heureusement, celles-ci passent aussi bien qu'une bonne petite cervoise. Le spectacle s'ouvre sur l'entraînant "The Wanderer" durant le quel la voix lumineuse de Elsa fait des merveilles. Suivent "Frozen Ocean" et son intro au violon qui n'est pas sans évoquer l'âge d'or de Skyclad, ainsi que "The White Deer", qui débute comme une tendre mélopée avant de s'emballer peu à peu. L'apogée de cet album des plus rafraichissant est atteinte avec l'instrumental médiéval et bien nommé "Metal Jig", virevoltante pièce qui fait revivre avec justesse un passé très ancien. Au très heavy "Dawn Of God", que cisaille un court solo de basse, succède l'outro "Nightfall", d'une belle et noble gravité que soulignent des notes de violon empreintes de tristesse. Une réussite modeste mais réelle et tant pis si la production manque de pêche, gageons qu'avec davantage de moyens, les Lorrains sauront de doter d'un son plus puissant, ce qui leur permettra peut-être aussi de décrocher un contrat avec un label, ils le méritent ! Le genre étant à la mode, cela ne devrait pas tarder... Du moins, on l'espère ! (2009) ⍖⍖
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