20 juin 2009

Sunn O))) | Monoliths & Dimensions (2009)




Aujourd'hui, Sunn O))) est à la mode, du moins dans certains cercles élitistes/bobos parisiens. Faut-il pour autant s'en réjouir ? Pas sûr. Et ce qui semblait pour certains vierge d'intérêt parait tout à coup absolument génial... Or Greg Anderson et Stephen O'Malley n'ont pas attendu que Libé les encensent pour travailler sur la distorsion et les effets autour du sacro saint riff, eux-mêmes poursuivant les expérimentations de Dylan Carlson avec son Earth. Aujourd'hui donc, Sunn O))) est à la mode et tout le monde se tape des pignolles avec sa nouvelle oeuvre, Monoliths & Dimensions. Les dithyrambes fusent de toute part. Bien. Je suis un fan du duo mais pourtant, je ne partage pas (tout à fait) cet enthousiasme aveugle pour un album plus que jamais véritable laboratoire sonore. Tout d'abord, comme toutes les recherches de ses explorateurs du son, il réclame attention et volume maximum, auquel cas il risque de vous passer au-dessus de la tête. Une écoute au casque, la nuit, serait presque même obligatoire. Le voyage, divisé en quatre pans et animé par quelques invités connectés à l'unives du drone (Oren Ambarchi, Attila Csihar, Dylan Carlson...), débute avec un magma de plus de 17 minutes, "Agharta", tentative réussie de renouvellement du paradigme qui a fait la "gloire" du projet. Après de longues minutes seulement secouées par cette collusion de riffs en forme de plaques tectoniques, la voix profonde de Atilla Cishar fait son apparition. Jusqu'à la fin, il scandera ses incantations noires sur fond de grondements digne d'un réacteur de l'A380. Superbe et pourvu d'une grâce réelle mais les interventions du Hongrois sur White 2 semblaient autrement plus effrayantes et abyssales.



Suit "Big Church", dont l'entame est franchement vertigineuse, Sunn O))) y installe tout de suite un climat terrifiant aux confins du cauchemar. Puis, ce sont des voix féminines spectrales au pouvoir d'envoûtement absolu qui répandent leur mélopées. Fragmentée, découpée, déstructurée, cette complainte déroule une trame hallucinante qui résonne des fracas de ces guitares dont on a l'impression qu'elle s'enracine dans les entrailles de la terre. Moins convaincant en revanche est "Hunting & Gathering" qui n'apporte pas beaucoup d'eau au moulin, contrairement à ses deux prédécesseurs, si ce n'est sa dimension grandiose. Dernière pierre à l'édifice, "Alice" séduit par son minimalisme. Sur un fuselage dans un premier temps constitué uniquement par des rouleaux de drone en ébullition, de ses riffs qui ont quelque chose d'ondes sismiques qui prolifèrent, s'élève peu à peu une mélodie immense et majestueuse qui semble se réveiller d'un long sommeil pour atteindre une ampleur quasi cinématographique, et les portes du progressif lors des ultimes mesures où plane le fantôme du King Crimson époque Islands (1971).En définitive, Monoliths & Dimensions, qui de toute façon ne peut être juger à la va-vite, se révèle être un très grand disque qui, par les nouvelles pistes qu'il explore, par la beauté et une forme de poésie mystique qu'il irradie, confère finalement un sens à Sunn O))) et à son travail mais certainement pas le chef-d'oeuvre de ses géniteurs, comme beaucoup le pense. Ainsi, en dépit de ses qualités, il est permis de lui préférer de vraies gemmes démentielles et charbonneuses telles que White 2, Black one et Altar, mais ce n'est toutefois là qu'un avis subjectif. (20/06/2018) ⍖⍖⍖


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