25 juin 2009

KröniK | Sieghetnar - Erhabenheit (2008)




Enfanter une très longue respiration de plus de trente minutes en guise d'album n'est pas en soi quelque chose de difficile. Par contre, ce qui l'est bien davantage est d'écrire un long et "bon" titre. Pas mal s'y sont cassés les dents, bouffés par un égo mal placé. Le pourtant modeste Sieghetnar, lui a réussi ce pari démesuré avec ce Erhabenheit des plus convaincants. Allemande de sol, cette mystérieuse entité ne se résumant qu'à un seul être, le bien nommé Despite, est surtout norvégienne dans l'âme et dans le sang, celui du Burzum carcéral qui coule dans ses veines. Le mimétisme en est même troublant. Depuis 2005, le lascar inonde frénétiquement de sa sinistre semence les oreilles des masochistes du black metal pour suicidaires. Pas moins de quatre suppositoires et autant de démos. Erhabenheit est l'une d'entre elles et sans doute la meilleure porte d'entrée possible dans l'univers vaporeux de ce one-man-band. Une seule piste donc, instrumentale de surcroît (l'un des caractères principaux du projet) qui ouvre les vannes d'un art noir désespéré. Ici, la notion de minimaliste est portée à son paroxysme. 




Le socle s'enracine dans des sédiments de synthétiseurs, parfois érodés par quelques gravats électriques tandis qu'une batterie prisonnière d'une lointaine couche calcaire souligne le contenu avec léthargie. Plus proche du funeral doom et surtout de l'ambient que du pur black metal, Erhabenheit prend son temps, tout son temps. Il déroule une trame volontairement ultra répétitive et hypnotique qui risque de plonger dans le sommeil les plus téméraires d'entre vous. Ceci dit, les amateurs d'interminables développement somnanbuliques (dont je fais partie) trouveront certainement matière dans cette masse nébuleuse et envoûtante à s'abîmer dans des limbes contemplatives. Si les premières minutes sont uniquement gouvernées par les effluves synthétiques, une guitare grésillante surgit pas la suite, bien que celle-ci ne s'impose jamais dans ce paysage d'une froideur désolée. Les claviers, qui exsudent un mal-être absolu et totalement désenchanté y règnent en maître. Toujours. Du moins le croit-on car lors de la dernière partie, des riffs englués dans une chape de plomb viennent tisser leur toile tandis que les atmosphères s'élèvent dans la brume opaque. Puis la "batterie" donne même par moment l'impression de vouloir s'emballer, impression qui du reste ne se confirme jamais vraiment. Cet album est voyage introspectif immense à faire seul, dans l'obscurité de l'hiver. D'une chiantise absolue pour 99% de la population mais un plaisir coupable pour la minorité restante. (25/06/2009)


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