26 juin 2009

KröniK | Sael - Ocean (2007)




Petite barquasse d'à peine trente minutes peut-être, Ocean n'en est moins intéressant car en l'espace de quatre mouvements, il brosse un univers certes encore en gestation - Sael n'en est encore qu'à l'étape de l'adolescence avec à son actif depuis 2002 seulement une démo et un split avec Azaghal - mais pour le moins déjà très prometteur. Trompeur, cet essai ne prend jamais la direction à laquelle on aurait pu s'attendre. Son nom, ainsi que son visuel, sobre bien que révélateur d'une mélancolie ombrageuse, laissent à penser que Sael est le chantre d'un black metal atmosphérique et évolutif et qui n'hésite pas à panser ses blessures par l'entremise d'un climat suicidaire. Or il n'en est rien... Ou du moins ce n'est pas aussi simple que cela. Premier témoin de ce brouillage de radar, "Ocean", longue bande de près de onze minutes semble tout d'abord confirmer les impressions initiales. Après une entame down-tempo lancinante, le titre prend peu à peu son envol. Tout en progression, il finit ensuite pourtant par exploser dans un registre plus brutal. Plus rapide surtout. 




Cependant, son découpage en plusieurs lambeaux, illustre une approche assez élaborée du style, ce qui, au vu du pedigree de ses géniteurs (en vrac Asmodée, Annthennath, Reverence... bref pas vraiment du black metal simpliste et bas du plafond régurgité par des faces de goules peinturlurées à la truelle) n'a rien de surprenant. Au contraire, on aurait même été déçu si cela n'avait pas été le cas. Plus classique est en revanche "Ivresse de lune", saillie sans vaseline, qui déambule néanmoins parfois dangereusement au bord de la rupture. On lui préférera toutefois (le faussement) "Instrumental" qui permet aux Français de démontrer leur aptitude à fracturer les rythmes, les plans et à dresser des riffs propices à hérisser les poils. Enfin, bien que fonçant pied au plancher, "Un cri dans l'éternité" ouvre des espaces épiques puissants assez norvégiens dans l'esprit alors que le chant tutoie par moment une folie prolifératrice. Son final, encadré par des martèlement de batterie aux relents militaires est une preuve supplémentaire que l'on tient là un groupe qui a des idées et une approche évolutive du genre. Et si Sael semble parfois hésiter entre un art noir suicidaire et une musique pleine d'emphase, gageons que la maturité saura certainement lui conférer une vision plus nette de la plastique qu'il souhaite façonner. On attend donc désormais de voir que ce les Français valent sur un format plus long, ce qu'ils n'ont pas encore eu le loisir d'offrir. Annonciateur de grandes choses à tout le moins... (26/06/2009)



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