Après une longue trêve de sept ans, seulement entrecoupée de quelques assauts de courte durée (... Of Wolves, Woman And War et Terror Abraxas, commis respectivement en 2002 et 2003) et de la participation de deux de ses membres au projet Razor Of Occam, le panzer australien repart (enfin) en campagne. Sa nouvelle opération porte le nom de Defiance. Ses armes sont toujours les mêmes aussi bien dans le fond (blasphèmes sataniques, la guerre, la haine comme combustible) que dans la forme (rapidité d'exécution, brutalité épidermique et tempo écrasant). De fait, c'est un euphémisme que d'énoncer que Deströyer 666 ne fait pas de prisonniers et ce, dès la première bataille entreprise (le poétique "Weapons Of Conquest"). Tel un Attila du black metal, l'herbe ne repousse pas après son passage ("The Barricades Are Breaking") ; vicieux, il fait couler le sang et le stupre lorsqu'il se lance dans la conquête de l'entre-cuisses de ses captives. Et s'il affiche alors des atours un peu plus mélodiques c'est pour mieux déchirer l'hymen ("I Am Not Deceiver", cartouche absolument superbe). Parfois, les Australiens aiment à se lancer dans l'érection de blockhaus imprenables qui démontrent que la lourdeur terrassante, douloureuse, leur sied également très bien. C'est sans doute même dans ces moments de fausse accalmie, que Deströyer 666 se montre le plus impérial, le plus efficace aussi.
Ainsi, "Blood For Blood", qui ne débute qu'après de longues minutes d'introduction lancinantes et malsaines, est un monstre implacable, mid-tempo gigantesque animé par des guitares trempées dans le mazout et qui savent se faire entêtantes. Du même tonneau, "A Stand Defiant" vrille l'âme, laboure les chairs avec son modelé reptilien ; il serpente dans des marécages boueux dans lesquels il attire ses victimes pour ensuite les dévorer. Sans pitié. Certains Ayatollahs reprocheront sans doute au groupe de dresser désormais une verge qui manque de vigueur car l'ensemble, malgré la violence qui le déchire, reste étonnamment accessible (tout est relatif bien entendu), les Australiens donnant l'impression de préférer la lourdeur plombée ("The Path To Conflict") à la vitesse supersonique façon blitzkrieg, quand bien même une attaque telle que "A Thousand Plagues" ne fait pas franchement dans la dentelle. Mais à côté, il y a, pour témoigner que leurs géniteurs sont capables de plus de finesse que ce que les mauvais langues peuvent imaginer, des bijoux à l'écriture plus élaborée. Citons les deux dernières pierres à l'édifice que sont "Human, All Too Human", reptation cependant des plus venimeuses et plus encore "Sermon To The Dead", sorte de power-ballad (ceci-dit, à la sauce Deströyer tout de même !), obsédante et chargée d'une vraie beauté malgré le chant râpeux que seconde toutefois une voix plus claire. Dans tous les cas, on tient là un très grand album d'un black metal mâtiné de thrash et où le death metal n'est jamais bien loin non plus. (2009) ⍖⍖⍖
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