Si vous vous attendez à une chronique de son (presque) homonyme français, le très surfait Monarch, vous pouvez passer votre chemin et vous en retourner à la lecture de votre Noise pour bobo parisien. Monarque donc, véritable héraut du black metal québécois, porte-étendard avec ses autres compagnons du label Sepulchral Productions de la cause nationaliste de cette enclave francophone en Amérique du Nord. Un nom qui sied admirablement à une musique noble et aristocratique et qui est aussi celui de l'homme qui en constitue sa voix et son âme. Présenté comme son second méfait après Fier hérétique, Ad Nauseam n'est en fait que le réenregistrement de la première démo du groupe parue en 2005 et limitée à uniquement 100 copies. C'est dire que lui offrir une seconde vie en même temps qu'une nouvelle peau, s'imposait. Au tracklisting d'origine (cinq poèmes écrits à l'encre de la haine et du désespoir) ont été agglomérés quelques titres de la même époque mais laissés alors de côté ("Je ne suis pas", "Non-rédemption"...) ainsi qu'une pièce composée récemment ("L'abysse aux charognes"). Pour beaucoup, l'essence ce Monarque ne s'est jamais exprimée avec autant d'âpreté que lors de cette séminale offrande.
Baignant dans une ambiance profondément mélancolique, Ad Nauseam est un cri, un appel à la résistance. Il trouve son inspiration aussi bien dans la littérature du XIXe siècle que dans l'histoire nationale. L'emploi de la langue française participe en outre de la volonté identitaire et patriotique de Monarque, l'entité et l'homme. Le black metal que forge les Québécois se veut à l'image des textes d'une sinistre poésie dont il est l'écrin sonore : intense, cru et malsain. Ces odes insurrectionnelles vrillent d'ondes négatives ; elles taillent des lambeaux d'un art noir misanthropique, souvent rapide ("Non-rédemption") mais qui sait aussi entamer des décélérations effrayantes ("L'abysse aux charognes", "Un essaim de corbeaux"), étalant alors ses ailes sombres et menaçantes tandis que le groupe atteint des sommets de désespoir lorsqu'il privilégie la lancinance du relief, comme avec "Vallée des larmes". Soulignées par des riffs rêches et sans affétrie, les paroles sont vomies avec une sincère conviction par un chanteur qui forme l'arc-boutant sur lequel sont érigées ces barricades fielleuses. Une oeuvre contre le conformisme ambiant symbole d'une musique qui ne devrait jamais rentrer dans le rang. Le black metal doit demeurer un art de la révolte. Monarque l'a bien compris de même que toute cette scène québécoise que l'on découvre peu à peu et qui regorge d'hommages patriotiques et de pamphlets identitaires admirables. Forteresse, Utlagr, Sui Caedere sont quelque uns de ces résistants sur lesquels je ne peux que vous inviter à vous pencher. Les gauchistes bien-pensants vont s'étouffer. Une bonne chose... (31/05/2009) ⍖⍖⍖
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