23 mai 2009

Grey November - D'automne (2008)




Sculpter avec des notes des sentiments tels que la tristesse, la mélancolie ou la langueur n'est pas chose si aisée. Nombre de médiocres gothico-suicidaires grimés comme des corbeaux et se prenant pour les nouveaux Baudelaire croient y parvenir alors qu'ils ne font que pleurer leur misère. Le doom romantique et funéraire réclame autrement plus de noblesse et d'âme. Certains pourtant y parviennent : Shape Of Despair, Remembrance ou bien, à sa plus modeste mesure, Grey November. D'automne est la troisième oeuvre autoproduites de ce projet formé par l'écrivain Cedric Seyssiecq, accompagné ici par la chanteuse Justine et qui porte bien son nom. Automnale, d'une tristesse plombée, la musique du tandem évoque ces longues marches funèbres figées par une pluie grise. Plus proche sans doute de la stèle funéraire d'un Dark Sanctuary, en plus metal toutefois, que du pur doom, ces plaintes étirent un linceul qui repose sur des couches de claviers mortuaires sur lesquelles planent des caresses vocales féminines, chantées en français. Parfois une guitare sentencieuse surgit de la brume, attirant ces mélopées dans des contrées plus noires encore. D'automne est un recueil poétique évoquant les romantiques allemands du XIXe siècle. Ses cinq (forcément) longs chapitres ont quelque chose de déambulations contemplatives propices à l'introspection et à la rêverie morbide. En les écoutant, on voit sa vie morne défiler en noir et blanc, une vie faite de fautes, de regrets, de rendez-vous manqués... Le chant d'une triste beauté de Justine est le véhicule spectral de cette existence de chagrins. Ce n'est certes pas très orignal et les mauvaises langues argueront que Lethian Dreams a déjà fait aussi bien, voire mieux, autrefois et que Grey November dérive par moment sur la frontière ténue séparant pleurnicherie et gravité. Possible. Mais le duo maîtrise son sujet à la perfection et D'automne s'impose comme son meilleur essai à ce jour. Surtout, il réussit, mieux que d'autres, plus réputés parfois, à ouvrir les vannes d'une mélancolie minérale avec une justesse de ton et de touches tout à fait remarquables. La grande force de Grey November réside ainsi dans cette faculté qui se conjugue à une sincérité certaine. Je ne peux donc que vous recommander cette offrande qui mériterait d'être soutenue par un label. Espérons que les Français en intéresseront un très bientôt...  (2009) ⍖⍖⍖




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