7 mai 2009

Geïst | Galeere (2009)




Il y a bientôt trois ans, Kainsmal, la seconde offrande de ces Teutons, m'avait énormément déçu. Ouvrant les cuisses d'un black metal en définitive trop banal, elle ne renouait pas avec la beauté pastorale et acoustique de son aîné, Patina qui semblait vouloir ressusciter par moment le fantôme du Empyrium séminal. C'est pourquoi l'annonce d'un troisième effort ne m'a pas enthousiasmé plus que cela. Et bien j'ai eu tort ! Tel un reptile, Geïst a encore changé de peau avec Galeere. Certes, celui-ci affiche certains oripeaux de son prédécesseur, notamment cette dureté  tranchante mais pour autant, d'une richesse foisonnante, il brasse un grand nombre d'influences et marie avec brio un panel d'ambiances qui manquait cruellement à Kainsmal. Signe qui ne trompe d'ailleurs pas, les Allemands ont eu l'excellente idée de faire appel au vénéré Markus Stock (Empyrium justement), pour leur conférer un son brut et massif. De fait, Galeere est un blockaus imprenable divisé en cinq côtés. Fini donc les titres plutôt courts, Geïst retrouve l'inspiration pour une forme de black metal épique et évolutif qui ne peut se déployer, atteindre sa pleine (dé)mesure que par le biais d'un format long (plus de dix minutes en moyenne). Naviguant dans un concept nautique, hommage à la mer, sanctuaire naturel et déchainé, ces cinq plages sont à l'image de ce fil rouge : tourmentés, sombres,  mais d'une beauté qui perce toujours à travers ces rouleaux tumultueux.





Pourtant le premier d'entre eux, "Galeere", qui ne débute qu'après une longue intro, ne se révèle pas le plus intéressant du lot. Rapide et fiévreux, il forge un black certes puissant mais quelconque, heureusement, fissuré en son milieu par un break lancinant bienvenu. Plus réussi est "Einen Winter auf See". Des notes électroniques et ténébreuses dessinent tout d'abord un paysage mystérieux. Puis, le titre démarre brutalement, avant de se voir traversé par des atmosphères tour à tour envoûtantes ou rageuses, libérées par des guitares en guise de vigie. La cadence monte crescendo pour atteindre l'orgasme durant les ultimes mesures. Le groupe a embauché en CDI un claviériste à temps plein et cela s'entend. Grâce à son travail, Galeere arbore une plastique riche d'effets et d'arrangements qui permet à ses auteurs de peaufiner encore davantage leur son même si les six-cordes forment toujours la coque du navire, comme en témoigne le noir "Durch Lichtlose Tiefen", dont les riffs âpres sont comme des sirènes attirant les marins dans leur filet. Geïst parvient à sa vitesse de croisière lors du superbe "Helike", lui aussi théâtre de lignes de guitares ensorcelantes, conjuguées à une rythmique implacable, cependant que "Unter Toten Käpitaten", voyage d'un quart d'heure lent et lourd,  achève cette Galeere sur une note grave et vespérale aux confins du progressif (ce solo de gratte stratosphérique en témoigne), du doom et voire presque de l'ambient durant son entame. Une très bonne surprise donc et l'album de la maturité, assurément pour un groupe imprévisible dont on commence à peine en entrevoir toute l'inspiration, tout le potentiel également. Que nous réserve-t-il pour la prochaine fois ? (2009) ⍖⍖


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