29 mai 2009

Code | Resplendent Grotesque (2009)





Négocier l'après-chef-d'oeuvre est toujours difficile. Et plus encore lorsque le dit chef-d'oeuvre fut aussi un premier album. L'attente et les espoirs placés dans ce qui sera son successeur sont alors immenses et s'accompagnent des sempiternelles questions du genre : "pourront/sauront-ils faire mieux la prochaine fois ?". On en est là avec ce Resplendent Grotesque, petit frère que (Code) aura donc mis quatre ans à donner au fabuleux Nouveau Gloaming qui constitua en 2005 pour beaucoup un second souffle au black metal norvégien, quand bien même le projet accueille aussi en son sein des Anglais. Il avait cela de fascinant qu'il ouvrait de nouvelles portes sans pour autant renier un socle âpre et ferrugineux. Comme souvent lorsqu'un disque est trop attendu, cette seconde offrande peut sembler tout d'abord décevante. Certes on y croise toujours le chant clair, aérien et fragile de Kvohst, capable à lui seul de transcender tout ce qu'il touche, tandis que le groupe à l'architecture à géométrie variable dessine à nouveau cet art noir évolutif dont la négativité abyssale se voit constamment fissurée par une beauté déglinguée bien qu'absolue. Mais l'album est court, trop court sans doute et ne se faufile pas vraiment dans les tunnels creusés par son aînés. Tout d'abord, on le regrette.



Puis, les écoutes aidant, on s'en félicite cependant que peu à peu l'ossature de Resplendent Grotesque dévoile ses trésors. Drapés dans une dramaturgie grandiloquente, à laquelle participe la voix minée par une grande fébrilité de Kvohst (l'ahurissant "Jesus Fever"), laquelle se lance le plus souvent dans un dialogue aux accents métaphysiques avec des gargouillis écorchés, ces huit faux-semblants au relief vallonné fendent les eaux troubles d'un océan tumultueux. Plus ramassés, plus vicieusement malsains également que ceux formant la trame de Nouveau Gloaming, ils sont irrigués par ces guitares qui grésillent et labourent les chairs tel des scalpels aussi démoniaques qu'obsédants ("Possession Is The Medicine", "The Rattle Of Black Teeth"). Pour (Code), le black metal n'est qu'un substrat, certes parfois fiévreux (l'introduction de "In The Privacy Of Your Own Bones") dans lequel s'enracine un édifice dont chaque partie est un prétexte pour aller prendre à revers l'auditeur. Reptation belle et vénéneuse à la fois, "A Sutra Of Wounds" illustre bien cette faculté que possède le groupe à nous entraîner dans un labyrinthe d'un baroque flamboyant. L'armure est noire mais à l'intérieur sont tapis des atours souvent très mélodiques ("I Hold Your Light" qu'aucun éclair ténébreux ne vient jamais plonger dans l'obscurité). Malgré tout et avec l'intelligence qui la caractérise, cette dreamteam de l'extrême ne fait aucun pas, ne serait-ce que timide, vers le pèlerin. Une gemme charbonneuse telle que "Smother The Crones" (peur-être l'Everest de cet album) pourrait dans un premier temps le faire croire. Toutefois, une analyse plus poussée de cette superbe entame infirme en fait cette impression trompeuse. Resplendent Grotesque est une oeuvre difficile à suivre, tout comme l'était déjà Nouveau Gloaming mais d'une manière autre. Et s'il ne parvient pas à l'égaler, ce second essai surnage bien au-dessus du tout venant de l'engeance noire. (2009) ⍖⍖



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