Sur le papier, cet accouplement entre Sarke, musicien qui traîne ses guêtres dans pas mal de formations de la scène noire norvégienne (Tulus, Kold, Old's Man Child) et Nocturno Culto qu'on ne présente plus, n'avait rien pour vraiment déclencher une ferme érection sauf peut-être chez quelques fans sourds de Darktrone. En effet, cela fait bien longtemps que la participation à un quelconque projet de l'homme des bois, à l'instar de son compère Fenriz, n'est plus un gage de qualité. A l'arrivée pourtant, l'éjaculation a bel et bien lieu et la semence est même abondante ! Alors qu'on s'attendait ni plus ni moins à ce que Vorunah taille à peu de choses près des lambeaux identiques à ceux des derniers Darkthrone, à savoir cet espèce de proto black metal sale et rustre qui donne envie de taper du pied et de téter des bières dans un rade sordide et dont on retrouve néanmoins parfois la trainée saignante, c'est en fait un metal bien plus élaboré et intéressant qui nous ouvre ses cuisses, un black presque progressif. Les riffs sont crades comme le sang menstruel ; le Nocturno déverse son inimitable voix frottée avec du papier de verre : rien d'anormal jusque là. Mais il y a ces claviers hantés qui semblent s'être échappés d'un vieux vinyle de King Crimson qui, conjugués à des tempos pesants permettent de décupler mieux qu'un développeur de pénis suédois ne pourrait le faire, la verge turgescente de ce Vorunah fort de huit positions excellentes de bout en bout. La preuve par huit donc.
"Primitive Killing" commence les préliminaires d'une manière conforme à ce qu'on croyait trouver : un black rampant et vicieux. Puis, les doigts écartent tout d'un coup ces lèvres humides pour découvrir un espace plus original. Le magistral "Vorunah", vrillé par des riffs grésillants, se drape dans un linceul de claviers funèbres qui envoûte tandis que "The Drunken Priest" (quel titre !) est une partouze où s'emboite un black metal implacable et un rock progressif antédiluvien. Nocturno Culto et Sarke partage un goût similaire pour le vieux Heavy metal et le hard rock des seventies ; cela s'entend tout du long de cette hampe grasse et froide, comme le démontrent également "Frost Junkie" qui pose un rythme hypnotique souligné par des guitares sinistres ou bien encore ce "Old" qui semble à la fois avoir trempé son membre dans la fente de Motorhead et se nourrir du fluide intime du rock psychédélique. Presque doom, "Cult Ritual" est un monument digne des années 70. Les notes égrenées par les grattes y sont lugubres à souhait. Après une longue intro au goût prononcé des bandes originales de film de cette époque regrettée, Sarke érige un black metal primitif, fissuré par des poses mortifères et qui irradie une beauté ténébreuse. Et que dire du long "13 Candle" lequel débute par un paysage au piano aussi séduisant que surprenant, puis cède la place à une descente à la mine lancinante, déchirée par quelques choeurs féminins fantomatiques et discrets du plus bel effet. C'est absolument superbe. Curieusement, Vorunah s'achève sur une saillie courte et brutale, quasi punk, "Dead Universe", toujours enveloppée toutefois par ces nappes de synthés lugubres. Une total réussite donc et ce que le black metal norvégien a offert de plus jouissif depuis longtemps. 100 fois supérieurs, dans tous les cas, aux derniers étrons de Darkthrone ! Une claque, une vraie ! (2009) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire