14 mai 2023

KröniK | Yngwie Malmsteen - Inspiration (1996)




Comme son nom le suggère, Inspiration est un album de reprises, exercice qui peut de prime abord surprendre de la part d’un musicien aussi imbu de sa personne que Malmsteen. Pourtant, il le réussit haut la main, quand bien même son écoute laisse au final un goût amer (nous y reviendrons). Si par sa nature, Inspiration reste une œuvre à part dans la carrière du maître, sorte de pause entre deux opus personnels, elle l’est aussi par le line-up que ce dernier a recruté pour sa réalisation. En effet, le Suédois a eu l’excellente idée de faire appel à la fois à certains de ses anciens compagnons (dont le bassiste Marcel Jacob et le batteur Anders Johansson) qui s’échangent les instruments au gré des morceaux, tout en ne conservant de son groupe actuel que Mats Olausson aux claviers, ainsi qu’à l’ancien Rainbow, David Rosenthal avec lequel il n’avait jusqu’à présent jamais travaillé. En revanche, au niveau du contenu, peu de surprises, si ce n’est le choix de reprendre du Kansas, du Rush et du UK , le rock progressif n’étant pas l’influence la plus évidente du musicien. Pour le reste, ce disque est l’occasion pour lui de rendre hommage aux trois guitaristes auxquels toute son œuvre se réfère : Jim Hendrix, Uli Jon Roth et bien entendu Ritchie Blackmore, qui se taille la part du lion avec pas moins de 5 reprises sur 10 ; autant d’artistes qu’il revisite avec respect et talent, sans aligner les descentes de manche digne d’un Lucky Luke de la gratte. Le fameux « Carry On Wayward Son » de Kansas ouvre le bal de la plus belle des manières. Porté par le chant de Jeff Scott Soto, le virtuose dépoussière ce classique avec brio. Puis déboule une version comme revigorée au Viagra du méconnu « Pictures Of Home » de Deep Purple, première prière à l’homme en noir, sur laquelle on retrouve (forcément) Joe Lynn Turner qui, on l’oublie parfois, a fait un détour (malheureusement éphémère) par le Pourpre Profond. Introduit au cithare, l’immense « Gates Of Babylon » de Rainbow s’impose comme un des sommets de cet opus ; morceau de bravoure qu’Yngwie se réapproprie avec toute la superbe que ce titre requiert. 


Après s’être emparé du micro le temps du « Manic Depression » d’Hendrix, le fabuleux « In The Dead Of Night » de UK, marque le retour de Mark Boals et du facétieux Jens Johansson. « Mistreated », dans une version que le guitariste a voulu proche des performances live de Purple, constitue un nouvel hommage à Ritchie, avant de laisser la place à une révision dantesque du « Sails Of Charon » de Scorpions dans une véritable orgie électrique. On retrouve Turner pour un « Demon’s Eye » (encore du Blackmore !) enlevé et proche de l’original. Puis « Anthem » de Rush amorce la conclusion qui se concrétise avec le « Child In Time » de qui vous savez, à laquelle, toutefois, il est permis de préférer le modèle. Il va sans dire que Malmsteen brille de mille feux sur l’ensemble des classiques repris, ce qui ne peut que nous faire regretter qu’il n’ai pas mis son incontestable talent au service d’un groupe, contrairement à son idole de toujours (Blackmore, évidemment), dont il accepte enfin de reconnaître pleinement l’influence après des années de dénis parfois malvenu. Quand on constate comme il parvient à se transcender sur les compos des autres (il est vrai, toutes de purs joyaux), une impression de gâchis s’impose au regard de ce qu’il peut produire en temps normal. Cela fait longtemps maintenant qu’il a fait le choix de ne mettre en musique que ses propres créations ; c’est dommage. Toujours est-il qu’avec cet album qui porte décidément bien son nom, Yngwie semble avoir retrouvé une inspiration qui l’avait désertée depuis les années 80, si l’on excepte le plutôt réussi Fire And Ice. Ce faisant, il grave une des pierres angulaires de son œuvre et qui fait plaisir à savourer après les inégaux et fades Eclipse, The Seventh Sign et Magnum Opus. A noter que l’édition limitée propose quelques miettes de démos capturées entre 1978 et 1982, entrecoupées d’une interview avec Leif Edling de Candlemass. Un vrai trésor pour les fans, bien qu’un peu trop court. (13.10.2007) ⍖⍖⍖⍖

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