Alléché par le succès rencontré par Odyssey en 1988 mais désireux de redevenir l’unique maître à bord après Dieu, Yngwie avait décidé avec son effort suivant de poursuivre le virage plus commercial entamé, tout en s’entourant de nouveaux musiciens, tous suédois et sans le charisme de Joe Lynn Turner ou des frères Johansson. D’où l’échec d’Eclipse, tentative de faire du Hard US FM à la sauce scandinave. C’est pourquoi Fire And Ice, bien que parfois pas si éloigné de son aîné que cela, a été pensé comme un retour au genre qui fit sa gloire, le metal néo-classique. Le fait de débuter l’album par un instrumental, le sublime « Perpetual », est une manière à peine déguisée de le signifier. Proche de Trilogy, la majesté, la brillance et le clinquant en moins, ce nouvel opus alterne de fait titres ultra mélodiques, efficaces certes mais peu originaux car similaires à des dizaines d’autres (« Dragonfly » « Teaser », malgré tout rehaussés par une rythmique du feu de dieu, «Fire And Ice » ), plages instrumentales également typiques du virtuose (« Leviathan » et « Golden Dawn ») et morceaux de bravoure (le lent et épique « How Many Miles To Babylon », le puissant « Cry No More », l’orientalisant « C’est La Vie », « Final Curtain »…). Vous l’aurez compris, Malmsteen reste donc fidèle à sa marque de fabrique, à son style de prédilection, dont il demeure le quasi inventeur.
Ce faisant, bien que sans surprises, Fire And Ice peut faire office de florilège, de synthèse de l’art de son géniteur, depuis ces chansons aux refrains et mélodies téléphonées jusqu’aux déluges de notes habituels vomis par les mêmes descentes de manche dont l’homme s’est fait le spécialiste (« No Mercy» en constitue le parfait prototype). On peut le regretter et être lassé de ces soli reproduisant jusqu’à l’écœurement des lignes mélodiques identiques, des plans déjà mille fois entendus, être déçu de voir évoluer à ses côtés des musiciens inodores et incolores qui ne font jamais oublier leurs illustres prédécesseurs , comme on peut prendre plaisir d’un album à l’image de son auteur : pompeux et généreux, inutile et virtuose, ridicule et sublime. Imité par des wagons entiers de guitaristes talentueux ou non mais jamais égalé, il est l’auteur d’une recette qu’il maîtrise à la perfection, comme le démontre ce Fire And Ice, certes conventionnel, mais plaisant et sympathique. L’homme est bourré de défaut, d’un égocentrisme démesuré, mais on ne peut nier sa sincérité ; son jeu toujours enflammé au point qu’il semble exhorter les forces noires de la déesse Stratocaster, en témoigne. Pas le meilleur album du suédois, loin s’en faut, mais tellement supérieur aux étrons libérés par sa kyrielle d’imitateurs. (13.10.2007) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire