21 mai 2023

KröniK | Yngwie Malmsteen - Concerto Suite For Electric Guitar And Orchestra In E Flat Minor Op. 1 (1998)




Cet album symphonique qui voit le virtuose de la six cordes allier son talent avec un véritable orchestre, celui de Prague pour être précis, certains l’espéraient depuis toujours, d’autres le redoutaient. De fait, son appréciation dépendra de votre position ; si vous êtes de ceux qui l’attendaient comme le messie, vous serez comblé ; si au contraire, vous entrez dans la seconde catégorie, vous pouvez d’ors et déjà passer votre chemin car tout ce que vous détestez chez le Suédois mégalomane est ici multiplié par dix. Maintenant que nous sommes entre inconditionnels, nous allons pouvoir évoquer ce Concerto qui s’impose déjà comme l’Everest de son auteur. Marchant sur les pas de son modèle de toujours, Ritchie Blackmore, Yngwie réussit là où Deep Purple n’avait pourtant qu’à moitié convaincu en 1969 avec son fameux Concerto For Group And Orchestra, car le mariage entre les deux protagonistes, le groupe et l’orchestre, n’était pas total, chacun des deux faisant un peu son truc dans son coin. Férue de musique classique, Malmsteen, lui, est parvenu à fusionner les deux. 

Mieux, aidé de Mats Olausson, son actuel claviériste, et de David Rosenthal (ex-Rainbow, comme c’est surprenant), le maestro garde toujours l’ascendant sur l’orchestre qui est davantage là pour souligner, pour accompagner la guitare que l’inverse. La Stratocaster blanche n’est jamais inféodée aux instruments classiques. C’est elle qui mène la danse, sans pour autant baver de partout. Ainsi, fort d’une sagesse peut-être enfin acquise, l’homme sait cette fois-ci éviter la surenchère, les descentes de manche supersoniques et l’orgie technique. Mieux, il pare son jeu toujours aussi flamboyant, d’une beauté, d’une pureté et d’une majesté dont on ne le croyait plus capable depuis ses premiers pas, parvenant à teinter son art d’une tristesse feutrée ce qui ne l’empêche pas d’être souvent bouleversante (« Prelude To April », « Toccata », « Adagio »). Il faut vraiment être sourd ou de mauvaise foi pour ne pas reconnaître la maîtrise à laquelle le guitariste est parvenu. Qui plus est, composer un concerto n’est pas donné à tout le monde ; il s’en sort pourtant avec les honneurs. Œuvre sombre et magnifique, sans doute un brin pompeuse pour qui est hermétique à la musique classique ou pour les puristes, cet album confirme enfin ce que Inspiration et  Facing The Animal laissaient supposer, que Malmsteen a recouvré son inspiration, justement, qui s’était quelque peu envolée depuis Eclipse en 1990 (exception faite, toutefois, de Fire And Ice), et cela est une nouvelle qui ne peut que nous rassurer et nous réjouir. Pas metal pour un sou donc, mais tellement beau… (12.10.2007) ⍖⍖⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire