Craché de la terre lilloise, Satyam est un jeune pouce à suivre de près. A cela, plusieurs raisons se dessinent. La première, la plus subjective, tient tout simplement dans l'origine géographique du quintet dans les rangs duquel on croise notamment Cédric, chanteur de Dusk And Darkness, auteur il y a bientôt quatre ans d'un In.Sane de bonne mémoire dans un registre sombre et gothique. Chauvinisme oblige, il ne faut donc jamais bouder son plaisir au moment de déflorer une nouvelle formation hexagonale. La deuxième, plus importante, réside dans la froide terre que laboure Satyam. La proximité avec la Belgique explique peut-être en partie la teneur cireuse et minérale d'une expression douloureuse et pétrifiée qui s'enracine dans un doom death aux coutures presque black metal et plein d'une rudesse sévère. La solide tenue affichée par Dance Of The Five incarne enfin la troisième et dernière raison de s'intéresser aux Français, carte de visite pour le moins prometteuse et que ne grève aucune des faiblesses souvent inhérentes aux premières fois. Ni maladresse ni hésitation n'encombrent une écoute minée par un pesant désespoir. A peine regretterons-nous peut-être un enrobage sonore un peu trop brut. Mais outre le fait qu'elle ne freine en rien la puissance souterraine de cet opus, l'authenticité rugueuse de l'enregistrement colle parfaitement à un genre où l'âme et la sincérité priment toujours de toute façon sur la perfection et un vain polissage.
Cinq titres remplissent ce EP long de presque vingt-cinq minutes, un programme certainement un peu court que nous aurions aimé plus épais, plus charpenté mais qui suffit cependant à cerner les traits de cette bestiole tapie dans l'ombre. Comme décrit plus haut, Satyam arbore une identité aux multiples visages, quelque part entre doom, death et black metal soit les trois côtés d'un triangle obscur et tentaculaire. Au premier, il doit cette inexorabilité rampante que drainent guitares cryptiques et vocalises échappées d'une panse grumeleuse ('Dance Of The Five'). Dans le deuxième, il puise un goût pour les structures parfois compliquées, pour les trames meurtries ('Tale Of Blasphemy'). Le troisième lui dicte enfin une démence ténébreuse qui n'est pas sans évoquer Bethlehem ou Deinonychus ('Advaita'). Des atmosphères aussi sinistres que viciées ('Enerpigenetics') et un concept qui interroge la spiritualité au détour d'une quête intérieure complètent un univers déjà affirmé, riche de nombreuses nuances tant musicales qu'émotionnelles en cela qu'à la dramaturgie assombrie de la forme répond un fond teinté d'espoir et qu'éclaire une pale lumière au bout de ce parcours introspectif. Synthèse des influences qui rongent ses créateurs, 'Guidance From The Great Ibis' se fait l'écho de cette personnalité plurielle. Etiqueté blackened doom death, Satyam se dévoile par l'entremise d'un premier jet noueux qui rompt par sa thématique philosophique et existentielle avec l'humus négatif sinon macabre habituel. (13.06.2022 | LHN) ⍖⍖
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