17 avril 2022

KröniK | Noekk - The Water Sprite (2005)




Rappel des faits : en 2002 s'éteignait Empyrium, sans doute le plus bel hommage à la nature allemande que le black metal nous ait offert. Or pour notre plus grand bonheur, le sticker collé sur la pochette de The Water Sprite, premier opus de Noekk, affirme qu'il s'agit là du successeur de cette entité défunte. Le visuel, superbe, représentant une forêt figée par une nuit hivernale semble de prime abord le confirmer. Après écoute de la chose, il convient de nuancer cette affirmation à la fois vraie et erronée. 

Vraie car Noekk est effectivement le nouveau projet réunissant le duo d'Empyrium (dernière époque), à savoir Schwadorf et Helm, le premier laissant cette fois-ci la barre au second. Vraie car la musique ici proposée est emprunte d'un climat mélancolique identique, du même mysticisme qui hantait l'œuvre de son ainé. Erronée car il n'est point question concernant cette offrande de black metal, qu'il soit atmosphérique ou acoustique, mais au contraire, d'un rock progressif et psychédélique antédiluvien, celui des origines, celui qui mise sur l'émotion et les ambiances, non celui qui s'apprend le nez collé à un bouquin de math. Le chant théâtral et profond de Helm, de même que l'importance des claviers dont le son quasi hanté se rapproche davantage de l'orgue, du Mellotron ou de l'harmonium que des nappes vomies par un Bontempi, sont pour beaucoup dans cette affiliation. Le fait que le rôle de Schwadorf se limite au sein de Noekk à n'être qu'un exécutant (production, basse, guitare et batterie) participe aussi de cette orientation, bien que le progressif ne soit pas pour lui déplaire. 

Le projet a tout d'abord été identifié grâce à sa relecture du "How Fortunate The Man With None" de Dead Can Dance, figurant sur le tribute The Lotus Eaters en 2004. Cette reprise inspirée donnait déjà une indication quant à la teneur de The Water Sprite, sur lequel elle apparaît aussi. Parfois proche de l'escapade acoustique de Opeth, Damnation, en moins vaporeux toutefois, Noekk accouche de sept  merveilleuses compositions (écoutez les dernières mesures de "The Riddle Seeker", ces notes égrenées au piano vous filent le frisson) qui transpirent le Pink Floyd de l'âge d'or ("The Fiery Flower") et les pères fondateurs du progressif, Genesis ou Yes, en tête. Mais intelligemment, le duo a su digérer ses influences afin de forger une musique qui lui est propre, plus hommage aux seventies que plongée rétro passéiste. 

Alors certes, bien que le fantôme du grand Empyrium plane de temps à autre sur The Water Sprite, ce nouveau projet n'en est pas non plus la réincarnation, mais pour autant, y perdons-nous au change ? Non. Trois fois non. (08.05.2007 | MW) ⍖⍖⍖⍖

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