Réalisateur très anglais, éternellement associé à l'horreur de la Perfide Albion, on n'imagine pas Roy Ward Baker trousser aux Etats-Unis, un western moderne comme La piste fatale. Mais c'est oublier, d'une part, qu'au début des années 50, il tournera quelques films à Hollywood, dont Troublez-moi ce soir (1952) avec Richard Widmark et Marilyn Monroe et, d'autre part, qu'il signera un hallucinant Cavalier noir (1961) avec Dirk Bogarde et Mylène Demongeot !
Produit par la Fox, La piste fatale n'en reste moins une œuvre curieuse, sorte de western contemporain donc, planté dans le désert de Mojave au milieu duquel un milliardaire, plutôt antipathique, est abandonné blessé par sa femme et son amant. Pourtant c'est ce personnage qui, par la seule force de sa volonté et la vengeance qui l'habite, attire peu à peu la sympathie et non pas le couple aux sombres desseins. Il faut dire que Robert Ryan, seul à l'écran et en voix off, lui confère puissance et épaisseur. De riche héritier détestable, nous assistons ainsi progressivement à sa métamorphose, apprenant à se débrouiller pour trouver de l'eau, manger et tout simplement survivre, perdu dans un environnement hostile.
Mais dès que la caméra le quitte, le film perd en intérêt, si ce n'est celui de profiter de la beauté de Rhonda Fleming qui n'a toutefois pas grand chose à se mettre sous les ongles hormis changer de tenue à chaque scène. A la fin la morale est sauve, l'amant est puni par la mort et l'épouse adultérine, par un pathétique retour au foyer. Pour une fois, le titre français sonne plus juste que le Inferno original et tapageur. Enfin, il faut savoir que La piste fatale était, à l'époque de sa sortie, projeté en 3D sans qu'on saisisse bien la raison d'un tel procédé dont rien à l'écran le justifie, à part peut-être le relief âpre et rocailleux fourni par le désert de Mojave et parfaitement utilisé par Baker et son directeur de la photo. (vu le 28.05.2021) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire