Le secret de la banquise est un film totalement oublié aujourd'hui, ce qu'explique sans doute le lourd échec commercial qui le pénalisa à sa sortie en salles en 1979. Adaptant une énième histoire de Alistair MacLean (Les canons de Navarone, Quand les aigles attaquent), bénéficiant d'importants moyens et animé par une belle et solide distribution, Bear Island ne manquait pourtant pas d'ambitions. Ni d'une réussite certaine. Sur fond de chasse au trésor nazi, le scénario dévide une intrigue typique de l'écrivain avec son équipe, ici de scientifiques, qu'un traître a infiltré. Qui est-il ? Les fausses se succèdent en un mélange d'action et de whodunit.
Artisan de l'horreur anglaise des années 60 (Le baiser du vampire), Don Sharp livre un travail habile, distillant avec efficacité son suspense même si quelques longueurs congèlent son récit dans la glace. Les images que soigne Alan Hume, sont très belles, drapées dans cette blancheur aussi âpre qu'irréelle comme seuls les paysages polaires l'irradient (le tournage a eu lieu en Colombie britannique). Enfin, pourtant peu habitués à ce genre de productions, les acteurs se révèlent impeccables, notamment Donald Sutherland au jeu emprunt de cette folie goguenarde qui n'appartient qu'à lui. Vanessa Redgrave se montre toute aussi convaincante tandis que Richard Widmark et Christopher Lee se croisent de nouveau trois ans après Une fille pour le diable.
Comment justifier alors l'échec de ce film qui en vaut bien d'autres ? A son caractère anachronique sans doute car, à la fin des années 70, l'horreur et la science-fiction ont ringardisé ce type de suspense au parfum encore très sixties. Marqué par le succès des Dents de la mer ou de La guerre des étoiles, le public attend alors autre chose. Les producteur de James Bond l'ont bien compris, comme le prouvent à la même époque L'espion qui m'aimait (1977) ou Moonraker (1979) mais pas Peter Snell qui est à l'origine de ce Secret de la banquise qui mérite cependant largement d'être (re)découvert... (vu le 29.05.2021) ⍖⍖
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