Les mecs n'ont plus depuis longtemps le monopole de la brutalité graisseuse, les nanas aussi peuvent débiter de bonnes grosses tranches de stoner, méchant et agressif. Et même à deux, elles peuvent faire autant, et même plus de bruit que de patibulaires gaillards, le visage velu et la peau couverte de tatouages. Bala en est l'incarnation vivante, furieux duo de filles galiciennes.
Anxela Baltar assure le chant et la guitare, Violeta Mosquera, la batterie. Vous noterez l'absence de basse. Ce n'est pas grave car elles n'en ont clairement pas besoin pour faire trembler les murs. Là ne réside d'ailleurs pas l'unique particularité de Bala qui ne craint pas non plus de beugler en espagnol ce qui contribue à poisser la musique du tandem d'une couche malsaine et crasseuse. Puisqu'on parle de son, celui-ci n'a en vérité de stoner que l'étiquette. La fumette, les volutes psychédéliques et les combis Volkswagen à fleurs, ce n'est pas trop leur truc. Les belles préfèrent ainsi patauger dans la bauge du sludge le plus bitumeux. Mais ni le punk ni le grunge des origines ('Rituais' que couvre l'ombre de Nirvana) ne sont des genres pour leur déplaire.
Ce qui compte, c'est l'énergie hargneuse dont elles cherchent à ouvrir les vannes pour tout détruire sur leur passage. Il y a quelque chose de rebelle et de vindicatif chez ces deux filles qui crachent leurs tripes et leur bile avec une force aussi robuste que sauvage. Et même une forme sourde de désespoir ('Mi Orden'). Tout cela aboutit à un méfait qui grouille dans ses entrailles d'une violence sale et épidermique. La blonde hurle sa rage ('Agitar') et bétonne des riffs gros comme des câbles à haute tension ('Cien Obstaculos') tandis que la brune martyrise ses fûts ('X').
Vomissant neuf titres en vingt-cinq minutes, on comprend que "Maleza" ne fait ni dans la dentelle ni dans le point de croix. Anxela et Violeta foncent pied au plancher, ivres d'une pesante vélocité. Elles n'ont que faire des préliminaires et des tendres caresses. Néanmoins, le temps de l'étouffant 'Quieres Entrar', elles serrent le frein à main pour s'enfoncer dans une fente obscure au fond de laquelle bouillonne un nihilisme atrabilaire, faisant plus qu'affoler un compteur Geiger devenu fou. Elles creusent alors dans le sol de monstrueuses fissures qui exhalent une nocivité aussi corrosive que déchaînée.
Century Media ne s'y est pas trompé en jetant son dévolu sur Bala dont "Maleza" n'est que le premier signe de mort. Les oreilles au niveau du slip, ceux qui s'attendent à trouver deux minettes s'amusant à bouffer du sludge en seront donc pour leurs frais. Ces filles ne rigolent pas vraiment car dans leur cave brûle une férocité survoltée, accouplant lourdeur pachydermique et bestialité noire comme une plage après un dégazage sauvage. (02.05.2021 | MW) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire