Si pour Ritchie Blackmore ou David Coverdale notamment, les années post-Deep Purple se sont révélées fructueuses, il n’en va pas de même pour tous les anciens membres du géant britannique. Ainsi Glenn Hughes va mener une carrière des plus chaotiques jusqu’en 1992. Il faut dire aussi que passer ses journées la tête dans la came n’aide pas forcément à être productif. De fait, la fin des seventies et la décennie qui suit est pour le bassiste synonyme de gâchis total. Entre diverses participations, l’homme ne publie que trois ( !) albums significatifs : Play Me Out en 1977, cet unique essai en collaboration avec Pat Thrall et le contesté disque de Black Sabbath, Seventh Star en 1986. C’est maigre. Quand il décide de monter un groupe (éphémère) avec l’ancien guitariste du Pat Travers Band, Glenn est déjà bien possédé par les démons de la poudre blanche. Pour autant, encore en pleine possession de ses moyens et son organe de feu toujours intact – et il le demeure encore aujourd’hui -, Hughes délivre une des pierres angulaires de sa discographie.
Oubliez le funk de Play Me Out ou les couleurs bluesy de Come Taste The Band de Deep Purple, le fruit du duo se révèle un pur brûlot hard rock, vrillé par des soli brillants de Thrall et propulsé par la voix rugissante du chanteur, comme sur le phénoménal “ Hold Out Your Life ”, zébré par les interventions électrique du six-cordiste, un des sommets d’un opus qui n’en manque pourtant pas, à l’image de l’introductif et remuant “ I Got Your Number ”, du lourd “ Muscle And Blood ”, du superbe “ Who Will You Run To ”, au refrain imparable et surtout de ” First Step Of Love ”, montée en puissance gigantesque durant laquelle le Britannique s’époumone pour notre plus grand plaisir. Glenn ne manque pas non plus de rendre hommage à son premier groupe, Trapeze dont l’hydre à deux tête s’offre le luxe de reprendre le lent “ Coast To Coast ”, extrait de You Are The Music… We’re Just The Band (1972). Plus moderne, il est même permis de préférer cette nouvelle version. Si Hughes Thrall a depuis un peu perdu de son lustre car recouvert d’une légère couche de poussière (la production, bien que puissante, l’illustre bien, tout comme certains titres tels que “ Begs, Borrow Or Steal ” et ses claviers d’un autre âge ou “ Where Did The Time Go ”), il n’en conserve pas moins toute sa force, plus de 25 après sa réalisation. Gros succès à l’époque, on ne peut alors que regretter que l’aventure soit restée sans lendemain ; cette collaboration méritait plus. Joyau isolé, cet album est comme une balise lumineuse au milieu des noires eighties pour un Glenn Hughes qui ne tardera pas les années suivantes à n’être plus que l’ombre de lui-même. (11.05.08) ⍖⍖⍖
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