Glenn Hughes est un paradoxe. Alors qu’il est, avec Ritchie Blackmore et David Coverdale, le seul musicien ayant participé à l’aventure Deep Purple à avoir su exister en tant qu’artiste à part entière en dehors du dinosaure (les fans de Ian Gillan ne seront certainement pas de cet avis !), beaucoup continuent encore, plus trente ans après son départ du groupe britannique en 1976, à ne voir en lui que l’ex-bassiste de ce dernier ! Et une bonne dizaine d’albums solo publiés depuis 1992 et sa renaissance après une décennie noire n’y change rien, et pourtant son passage dans le Pourpre Profond n’aura duré que trois ans et trois opus (Burn, Stormbringer et Come Taste The Band, précision destinée aux puceaux qui ne le connaissent pas). Depuis 2001 et Building The Machine, Glenn, comme il l’avoue lui-même, s’est surtout contenté, avec néanmoins une incontestable réussite, d’évoluer dans le moule que ses fans ont façonné pour lui, celui d’un musicien qui joue avant tout du hard rock. D’où ses participations avec Joe Lynn Turner (HTP) ou Tony Iommi et des disques tels que Songs In The Key Of Rock ou Music For The Divine. Or Glenn Hughes, ce n’est pas ça. Pas que ça du moins. Ses racines à lui ne puisent pas dans le ruisseau classique, médiéval ou rock (contrairement à Blackmore par exemple) mais dans le funk. Trapeze, son premier groupe professionnel, en portait déjà les stigmates, de même que certains de ses offrandes passées (Feel).
Le fait qu’il revienne aujourd’hui à ses premières amours en dit long sur la valeur que First Underground Nuclear Kitchen (F.U.N.K.) a pour lui. Il s’agit donc de son album le plus personnel à ce jour, qui lui ressemble le plus. Toujours entouré du fabuleux batteur Chad Smith (Red Hot Chilli Peppers), le bassiste donne tout ce qu’il a, comme si demain ne devait pas exister. Ces nouvelles chansons transpirent le feeling (“Imperfection”), la générosité, la grâce. Irrigués par sa voix puissante et chaude, qu’il pousse moins cette fois-ci dans ses derniers retranchements et sa basse groovy et épaisse, et parfois réhaussés de quelques cuivres (“ Love Communion ”), ces titres débordent d’une énergie positive qui fait du bien. F.U.N.K. commence très fort avec le remuant “ Crave ”, qui aurait pu se glisser tout de même sur un disque comme Soul Mover par exemple, le bien nommé “First Underground Nuclear Kitchen ”, la ballade “ Satellite ” ou le très beau “ Love Communion ”. La fin est moins marquante avec des morceaux plus anecdotiques (“ We Go 2 War ”, “ Where There’s A Will… ”), malgré le mélancolique et gigantesque “ Too Late To Save The World ” (le titre le plus hard du lot avec ses superbes lignes de guitare) ou “ Oil And Water ”, conduit par une basse explosive. Encore un très bon cru de la part de Glenn Hughes qui de de toute façon a le bon goût depuis longtemps de ne plus nous décevoir, mais qui ne devrait malheureusement pas lui permettre de toucher un autre public ou de modifier l’image que les fans ont de lui… (31.05.2008) ⍖⍖⍖
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