23 mars 2021

CinéZone | Gene Kelly - Père malgré lui (1958)




S'il a partagé avec Stanley Donen la paternité de Un jour à New York (1949), Chantons sous la pluie (1952) et Beau fixe sur New York (1955), on devine aisément que la contribution de Gene Kelly à la réalisation de ces trois chef d'œuvre de la comédie musicale s'est limitée à la chorégraphie des numéros musicaux. C'est beaucoup bien sûr mais ne fait pas de lui un grand metteur en scène, ce qu'ont démontré les films qu'il signa seul, du pesant Invitation à la danse (1956) au pénible Attaque au Cheyenne Club (1970). Père malgré lui est un peu meilleur mais échoue à être une grande comédie. Au départ, le projet n'est pourtant sans atouts. Une pièce de théâtre à succès comme matériau, un couple séduisant pour vedette et un sujet gentiment subversif. A l'arrivée, le résultat déçoit. A qui la faute ? Celle-ci incombe principalement à Gene Kelly dont la mise en scène est vierge de la folie et de la malice nécessaires. On se prend à rêver de ce qu'un Frank Tashlin aurait tiré d'un tel scénario, même édulcoré des éléments les plus sexuels de la pièce d'origine. Malgré toute l'admiration qu'on lui voue, reconnaissons en outre que Richard Widmark ne se montre pas non plus à son aise dans le registre humoristique, comme l'illustrent ses grimaces lorsque, au volant de sa voiture, la désirable inspectrice envoyée par l'agence d'adoption se blottie contre lui. Père malgré lui fut une de ses rares incartades dans ce domaine, après My Pal Gus (1952), plus romantique et tendre que vraiment rigolo ou avant le calamiteux A Talent For Loving (1969). Autant de tentatives qui se soldèrent par des échecs commerciaux. Comme ce fut le cas de The Tunnel Of Love que sauvent néanmoins l'énergie de Doris Day et la beauté de Gia Scala. Reste un divertissement amusant, trop sage sans doute alors que son sujet de départ l'était beaucoup moins. Dommage pour Widmark que nous nous faisions quand même une joie de (re)trouver dans une pure comédie... Dommage enfin pour Gene Kelly dont nous préférons nous souvenir du formidable danseur et de l'acteur non moins formidable, dans des films musicaux bien entendu mais aussi dans un polar comme La main noire. (vu le 28.11.2020) ⍖⍖




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