"Black Metal" a au moins un mérite, celui de nous rappeler que Witchcraft n'a jamais vraiment été un vrai groupe mais le seul véhicule de Magnus Pelander, son chanteur et guitariste. Les (nombreux) musiciens qui l'ont épaulé depuis le premier opus éponyme de 2004 n'ont toujours été pour lui qu'une caisse à outils. Qu'a-t-il fait du bassiste Tobias Anger et du batteur Rage Wideberg avec lesquels il a gravé "Nucleus" en 2016 ? Nous l'ignorons.
C'est donc en solitaire que le Suédois a enregistré ce sixième album. Il est vrai que son format dénudé s'y prête. Sa voix et sa guitare irriguent seules cet essai boisé et squelettique. Pourquoi pas ? Eu égard à son incontestable talent, voir le bonhomme errer sur des routes avec sa gratte en bandoulière pour nous compter des tranches de vie à la manière des artistes folk et country américains était intriguant. Cet exercice acoustique n'était donc pas nécessairement voué à l'échec.
Pourtant, à l'arrivée, tout sonne faux dans ce "Black Metal", à commencer par son titre dont on cherchera longtemps le sens caché. Plus grave encore, le résultat se solde par un mortel ennui qui sombre même dans la chiantise la plus absolue lors d'un 'Grow' long de presque huit minutes interminables. Quand Magnus s'imagine crooner de destins brisés, d'amourette naïve ('A Boy And A Girl'), le naufrage n'est pas loin. Dans ces rares bons moments, l'œuvre réussit, certes d'une manière lointaine, à évoquer le Witchcraft que l'on aime, témoin ce 'Elegantly Expressed Depression' dont la sécheresse mélancolique touche au cœur. Débarrassées du chant de Magnus pourtant non dénué d'émotions, certaines plaintes pourraient même constituer de douces respirations forestières ('Sad Dog') mais, en l'état, ne réussissent qu'à nous endormir. Mornes et sans âme, elles ne sont que de tristes chansons, au plus mauvais sens du terme ('Take Him Away').
Qu'est-ce qui a bien pu traverser l'esprit de Pelander, jadis si inspiré ? Il ne reste plus qu'à souhaiter qu'il reprenne vite le chemin du hard rock vintage dont Witchcraft demeure, avec Graveyard et Horisont, le plus bel artisan suédois, et oublier au plus vite ce faux-pas... (16.05.2020 | MW) ⍖
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