24 juin 2020

Lili Refrain | ULU (2020)




Lili Refrain. Derrière cet étrange patronyme se cache une artiste romaine qui, depuis 2007, œuvre en solitaire. Armée d'une guitare, de sa voix, de percussions et d'un soupçon de synthés et autres loops, elle esquisse un univers qui n'appartient qu'à elle, lequel convoque dans l'esprit qui le déflore de nombreuses appellations, drone, doom, folk, ambient sans qu'aucune d'entre elles ne réussissent pourtant vraiment à en capter l'essence nichée dans les profondeurs d'une intimité énigmatique dont on goûte le suc comme un trésor connu que par une petite poignée. Autre particularité, le choix d'enregistrer dans des conditions live à la manière d'un happening sonore, ajoute encore à la dimension expérimentale du projet.  Après trois essais, l'Italienne accouche avec "ULU" d'un EP dont le fait de n'être rempli que d'une unique et longue piste, n'est pas la moindre des singularités. En réalité, trois segments découpent cette vingtaine de minutes aux allures de rituel tribal mais, cimentés par de discrètes transitions, ils ne semblent réellement n'en constituer qu'un seul. La forme même de cette obole impose une approche descriptive.




'Gula' est le nom de la première partie. Elle débute par des percussions chamaniques vite enrichies de nappes ambient tissant un suaire hypnotique aux confins d'un drone méditatif. Aussi minimaliste qu'enveloppante, la plainte se mue en incantation lorsque surgit la voix de la jeune femme qui scande une sorte conjuration, parfois plaintive, désespérée toujours, comme un appel en faveur de la planète. La guitare lance la deuxième partie baptisée 'Terra 2.0'. Le chant intervient à intervalles irréguliers, laissant l'espace être dévoré par cette six-cordes exploratrice dont la rythmique pulsative qui  l'escorte en souligne la portée magique et orientalisante. Dernier pan et le plus court des trois, 'Mul' se pare d'un voile laiteux, achevant le voyage sur une note contemplative, luisant d'un triste éclat. A aucun moment, l'ennui ne vient poindre. Bien au contraire, "ULU" a quelque chose d'un périple fascinant d'une évidente force spirituelle qui touche l'âme autant que le cœur. Résonnant comme un mantra de détresse connecté à la nature, nous ne pouvons que vous inviter à vous immerger dans cet opus et,  par là même,  découvrir sa précieuse génitrice, hôte d'un univers personnel et  captivant.    (01.04.2020) ⍖⍖⍖


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