Si, entre "Planet Mantra" (2015), "Stellar Drone" (2017) et aujourd'hui "Helix Nubula", le nom de chacun de ses albums évoque l'espace, sonnant comme une invite à un trip cosmique, Earth Drive a en réalité les pieds solidement enfoncés dans le sol, adepte qu'il est d'un rock puissamment heavy qu'une incontestable aura spatiale nimbe pourtant. Ceci dit, ceux qui attendraient de ce groupe portugais une énième rondelle de stoner huileux parfumé aux herbes en seront (un peu) pour leur frais. Il en va de même des amoureux de prêtresses ténébreuses que la présence dans ses rangs d'une chanteuse pourrait ferrer, leur laissant croire, à tort, que Earth Drive est un bûcheron accordé au féminin de plus. En fait, il est un peu tout cela à la fois, stoner, doom, psyché, sans qu'on puisse l'enfermer dans une case bien précise tant son rock évite d'être inféodé au credo d'un quelconque genre. Les guitares affichent des traits lourds mais ouvrent des paysages néanmoins atmosphériques et quasi lunaires à l'image de l'hypnotique 'Spectra' dont l'âtre gronde d'une chaleur intense. Trapue, la rythmique n'en vibre pas moins d'une force pulsative ('Dharma Throne').
Quant à la voix de Sara Antunes, veloutée et cajoleuse, elle est pigmentée de grains grungy qui décorent la musique du groupe d'une énergie à la fois brute et empreinte de tendresse. Les chœurs assurés par le guitariste Hermano Marques contribuent à donner un cachet très mélodique voire presque pop ('Space God') à cet album. Ajoutons à cette description un menu que mitent des pistes très courtes qui, loin de faire du remplissage, participent de par leurs teintes ambient d'une dimension cosmique et étrange ('Phantalien'). Certaines d'entre elles, dont 'Nagarjuna', véritable trou noir hanté par un chant lointain, comptent même parmi les plus beaux joyaux ornant ce "Helix Nebula" aussi surprenant que salvateur. A l'arrivée, la séduction opère, faisant de cette troisième exploration une échappée très personnelle en cela qu'elle plante dans un socle lourd les arcs-boutants tour à tour psychés et progressifs d'un alternative rock furieusement addictif, qui possède le potentiel pour ratisser une large audience. Ne passez donc pas à côté de Earth Drive ni de ses trois offrandes que "Helix Nebula" couronne avec une élégance mélancolique et une puissance de velours. (04.04.2020 | Music Waves) ⍖⍖⍖
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