8 mai 2020

Seven Spires | Emerald Seas (2020)




Avoir le fameux Sascha Paeth vous couvrir de louanges constitue pour un groupe en devenir (ou pas) un soutien avantageux. Ce n'est pas Seven Spires qui s'en plaindra ! Ceci dit, que le célèbre musicien et producteur le cajole n'a rien d'étonnant quand on sait qu'Adrienne Cowan, la chanteuse de cette formation américaine, a prêté sa voix au "Signs Of Wings" que l'Allemand a réalisé en 2019 sous la bannière de Master Of Ceremony. Le fait qu'elle ait également épaulé Avantasia sur scène confirme cette connexion humaine et musicale avec l'ancien guitariste de Heaven's Gate. "Emerald Seas" devrait donc en toute logique trouver chez les amateurs de metal mélodique aux accents parfois symphoniques une oreille bienveillante. Sauf qu'en se penchant sur le pedigree de ses géniteurs, on remarque des noms à même d'effrayer les oies blanches. Vital Remains que le cogneur Chris Dovas dépanne en concert, ou les plus confidentiels Unflesh et Morbid Vitality où évoluait le bassiste Peter Albert de Reyna, ne rassureront pas ceux qui estiment que les envolées féminines ne peuvent rimer autrement qu'avec une certaine douceur, tandis qu'Aversed, auquel les deux musiciens cités sont également associés, artisan quant à lui d'un death progressif avec des seins, indique dans quelle direction les Américains cherchent en réalité à tendre. De fait, Seven Spires arbore deux visages, l'un plutôt sémillant, tacheté de power metal, l'autre, nettement moins affable, qu'alimentent growls (que la chanteuse assure par ailleurs) et rythmique appuyée, faisant exagérément dire à certains que les Américains lorgnerait même vers le black mélo !



Si dans cette ambivalence le groupe puise sa particularité, force est de reconnaître qu'il réussit mieux dans un registre gracieux que dans celui d'une noirceur qu'il veut agressive mais qui ne lui sied guère, comme en témoigne le pénible 'Drowner Of Worlds' qui accouple avec peu de bonheur voix égorgée, nappes de claviers mielleuses et emphase ténébreuse. Taillé dans ce même bois, 'Fearless' n'est sauvé que par les salvatrices éruptions d'Adrienne lorsqu'elle troque les habits de succube pour celui de sirène sucrée, quand bien même sa large palette vocale impressionne.Heureusement, peut-être conscient de ses limites, Seven Spires a le bon goût de ne pas trop insister sur ce terrain (vaguement) extrême, auquel il privilégie celui d'un metal sympho qui, s'il n'échappe pas non plus à la banalité, possède au moins le mérite d'être efficace sinon agréable à l'image des 'No Words Exchanged', 'Every Crest' ou 'Bury You', dont les mélodies certes éprouvées sont sauvées par la performance presque théâtrale de la maîtresse de cérémonie. Celle-ci ne manque jamais une occasion ni de forcer le trait ni de saupoudrer de quelques vociférations ces chansons qui n'en demandaient pas tant ('Ghost Of A Dream') mais qui tirent de ce mélange des genres leur maigre originalité, comme l'illustre 'Unmapped Darkness' dont les atours un peu pop sont noircis par ce mascara black metal. Borné par deux pistes instrumentales, "Emerald Seas" repose sur des bases solides, habilement mixé par Sacha Paeth (encore lui) mais gageons que cette façon dont les Américains s'emploient à couler un metal mélodique téléphoné dans un baquet de ténèbres ne sera pas au goût de tous. Reste que c'est de ce jumelage, certes maladroit, qu'ils extraient leur identité. (04.03.2020 | Music Waves) ⍖⍖



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