9 mai 2020

Michael Winner | Un justicier dans la ville n°2 (1982)




Quand on sait que Charles Bronson enfilera six fois le costume du justicier, sans compter Le justicier de minuit qui s'en rapproche, il peut du coup sembler surprenant qu'il ait attendu huit ans après l'opus matriciel de 1974 pour retrouver ce personnage emblématique de sa carrière. C'est finalement donc bien cette suite qui enfermera le comédien dans la peau de cet adepte de l'auto-défense. Si Brian Garfield s'est dit mécontent de l'adaptation de son livre que dire alors de ce Death Wish II qui transforme la dénonciation de la violence urbaine en banal jeu de massacre ? Vilipendé par la critique lors de sa sortie, Un justicier dans la ville n'était pourtant pas sans finesse, matérialisant avec réalisme un tissu urbain inquiétant et illustrant la mutation de son héros, troquant peu à peu le rôle de victime pour celui d'exécuteur. De même, si dans le film originel, Paul Kersey se lance dans une quête purificatrice, tuant à l'aveugle sans chercher nécessairement à retrouver les bourreaux qui ont tué sa femme et violé sa fille, cette suite le voit investi d'une mission punitive, mû par un désir de vengeance, traquant les loubards qui ont cette fois-ci violé et tuer sa femme de ménage et - à nouveau- sa fille.



De là le manque de réalisme de ce deuxième épisode, impression renforcée par ce gang de voyous caricaturaux (parmi lesquels on reconnaîtra Laurence Fishburne !). Les invraisemblances jalonnent d'ailleurs le scénario. C'est ainsi avec une grande facilité que Kersey retrouve les assassins dans une métropole aussi grande que Los Angeles ! C'est avec la même facilité qu'il se voit offrir un poste de radio lui permettant de capter les ondes de la police ! Ne parlons pas de la fin dans l'hôpital où le soignant le laisse tranquillement quitter les lieux après avoir supprimé le dernier des violeurs ! Sans imagination, le film décline certaines scènes de son prédécesseur :  Kersey qui se ressource à la campagne, Kersey qui part en chasse non plus dans le métro mais dans un bus, Kersey blessé... Malgré tout, la mise en scène nerveuse de Michael Winner, associée à la bande son de Jimmy Page, assure un spectacle efficace. Et puis il y a Charles Bronson dont la présence minérale suffit à sauver du naufrage n'importe quel film même si, son personnage, toujours solitaire et taciturne, a perdu le peu d'humanité qui l'habitait encore dans Death Wish I. La peur, les doutes, l'ont déserté, il n'est plus désormais que le bras armé d'une justice laxiste. Qu'il sorte le soir, habillé d'un vieux costume, le transforme en une sorte de super héros du macadam...   (vu le 02.05.2020) ⍖⍖

De Michael Winner avec Charles Bronson, Jill Ireland, Laurence Fishburne...

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