Quand Yann Heurtaux de Mass Hysteria (guitare), Etienne Sarthou de Deliverance / AqME (batterie) et Diego Janson de Sickbag (chant et basse) s'accouplent, qu'est-ce que ça donne ? Et bien ça donne Karras. Nul besoin d'être un cinéphile averti pour deviner que le projet tire son nom de "L'excorciste" et plus particulièrement du personnage du Père Karras dont le visage de son interprète, Jason Miller, remplit la pochette de "None More Herectic", son premier jet. Si le talent réuni au mètre carré lui assure une assise technique qui ne saurait être contestée, il n'est cependant pas certain que les fans respectifs des trois gaillards trouvent leur bonheur dans ce glaviot fétide. Petite bestiole qui crache sa semence en moins de trente minutes chrono, ce galop d'essai tète les mamelles d'un death/crust poissé d'un sang grindcore. On pense à Carcass et Napalm Death bien entendu mais aussi - et surtout - au Entombed époque "Wolverine Blues" pour cette manière de jumeler énergie dévastatrice et tempo cendreux, le tout propulsé par des instruments accordés plus bas que terre ('Afterlife') dont une basse qui claque comme un bout de peau tendue à un croc de boucher ('Lumbago'). Bref, pas de metal alternatif, de hardcore (encore que) ni de black là-dedans mais seulement un death metal épidermique qui arrache la chair des os et sent la barbaque avariée. Vous voilà donc prévenus.
C'est pas beau, ça va très vite. Ca ne rigole pas vraiment non plus même s'il se dit que l'origine du trio (en gros, les mecs n'auraient pas été d'accord sur l'interprétation donnée de la fin du film de Friedkin) n'est pas très sérieuse. Karras, c'est donc du lourd, du vicieux, du survolté. Du méchant. Du bien sale aux entournures également, qui témoigne de la souche brutale et hardcore de ses géniteurs. Rapide comme un torrent en crue ('Deathcrusher'), "None More Heretic" n'oublie toutefois jamais de donner envie de sauter partout ('Pazuzu Chord') et encore moins de serrer le frein à main, creusant alors dans le sol des crevasses béantes, comme c'est le cas lors des titres les plus longs (comprendre qui durent plus de deux minutes !). 'Litany For The Lost Souls', 'Planets Aligned', que sectionne un break ultra plombé ou 'The End Of All Happy Endings', râle final gangreneux, ouvrent ainsi les vannes d'un death plus vicié que déchaîné, visage meurtri vers le lequel tend notre préférence. Si on flaire les ravages qu'ils doivent occasionner sur scène, sur album, ces prêches atrabilaires n'en sont pas moins bourrés d'une ardeur aussi funeste que contagieuse. Loin d'être le simple jouet de musiciens pourtant très occupés, désireux de se faire plaisir (ce qu'il est aussi un peu quand même), Karras se veut un vrai groupe à part entière, destiné à durer et dont "None More Heretic" est la prometteuse et sanglante carte de visite. (07.03.2020 | Music Waves) ⍖⍖
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