Des hordes baptisées Invocation (avec ou sans "t"), on en énumère forcément un bon paquet. Celle qui nous intéresse aujourd'hui a vu la nuit au Chili, indice précieux quant à la teneur d'un black death qu'on suppose bien bestial et caverneux, les groupes qui prolifèrent en Amérique du Sud faisant rarement preuve de finesse et d'un goût prononcé pour la mélodie. Dont acte. Que Iron Bonehead, label aussi respectable qu'étendard d'un metal authentiquement evil, ait signé le trio ne saurait nous tromper non plus : Invocation est bien ce qu'il semble être, une des ces bestioles promises à être cultes comme seul les boyaux de l'underground le plus fétide peut en enfanter. Régurgitations vocales incompréhensibles aux allures de brouet grouillant, manches directement plantés dans les entrailles de la terre et combustible nourri d'occultisme pestilentiel commandent un art noir d'une sourde morbidité qui fait plus que copuler avec un death souterrain auquel aucune lumière même la plus pale ne parvient à s'accrocher ('The Officients').
Du line-up anonyme (ou presque), au sein duquel se glisse une jeune femme de faire claquer les cordes d'une basse abyssale en passant par un menu aux contours flous qui a quelque chose d'une bouillie bubonique, tout concourt à gommer les frontières et à nous projeter dans les gorges ténébreuses d'un monde nocturne et grumeleux. Certes EP d'une bonne demi-heure quand même, "Attunement To Death" n'en suinte pas moins une impression d'étouffement, obole viciée que gangrènent des miasmes corrompus. Le tempo torrentiel qui les pousse au bord d'un puits sans fond ('Flying Ointments') n'exonère pas ces longues reptations d'un souffle tentaculaire. Ainsi, du haut de ses quasi huit minutes au jus, 'Divine Transition' perfore son socle bestiale de cavités profondes d'où s'échappent de sépulcrales émanations, accouplant black, death et doom comme les trois côtés d'un triangle méphitique. Et si "Attunement To Death" n'exhale peut-être pas le souffre infernal attendu, les lambeaux sinistres qu'il répand lui ouvre toutefois le chemin mortifère dans les arcanes d'un charnier souterrain, panse remplie de cadavres et d'âmes tourmentées à jamais prisonnières. Jusqu'à présent auteurs de démo et autres EPs, nous attendons que les Chiliens nous gratifient d'un premier véritable album, promesse d'une plongée sans espoir de retour dans les arcanes d'un black death putride gonflé d'un germe macabre. (18.03.2020) ⍖⍖⍖
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